Les soins pour les bovins à terre

Il est question des bovins à terre dans les sections 4.1.1 et 5.3 du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers révisé. La première traite de leur manipulation, de leur déplacement et de leur contention. La deuxième se penche sur les soins des bovins malades, blessés ou fragilisés. En voici un aperçu.

Gestion des bovins à terre

Retrouver un bovin à terre est toujours un événement éprouvant. La nécessité d’agir rapidement et de mobiliser des ressources est exigeante. Il est important de considérer l’impact du temps et du stress émotionnel imposé par la situation dans la prise de décisions. On cherche à offrir des soins de haute qualité au bovin à terre le plus rapidement possible et de manière à lui apporter soulagement et confort.

Après avoir incité le bovin à se lever sans succès, un aiguillon électrique peut être utilisé en consultation avec un médecin vétérinaire un maximum de deux fois pour à nouveau l’encourager à le faire. Il doit toutefois n’être utilisé que sur le flanc et le haut de la patte arrière dans le cas où ce serait absolument nécessaire pour déterminer si l’animal peut se lever (Art 4.1.1). Le personnel ne doit pas continuer d’encourager un animal à terre à se relever s’il a montré qu’il ne peut ni se lever ni bouger (Art 4.1.1). On recommande d’évaluer l’état général de l’animal immédiatement et de consulter son vétérinaire au besoin. Un animal non ambulatoire ne peut être transporté hors de la ferme que pour recevoir des soins vétérinaires sur les conseils du médecin vétérinaire et en prenant des dispositions particulières (Art. 6.1.1).

Une vache incapable de se lever est grandement à risque de dommages aux muscles et aux nerfs en raison du poids exercé sur ses membres2. Plus d’un tiers des vaches à terre seraient affectées par ces lésions2. À partir de 24 heures de décubitus, le pronostic s’assombrit alors que le rétablissement des vaches est compromis par ces complications2. Les principaux objectifs des soins des vaches à terre consistent à traiter la cause principale et à minimiser les lésions musculaires et nerveuses2. Un serre-hanche peut être utilisé pour soulever l’animal et l’aider à se lever par lui-même ou soulager la pression sur ses membres. Le serre-hanche doit toutefois être utilisé uniquement pour soulever brièvement un animal afin de l’aider à se tenir debout seul (Art. 4.1.1). Il ne doit jamais servir à déplacer un bovin à terre. Le serre-hanche peut provoquer des complications (lésions musculosquelettiques) et doit donc être utilisé le moins souvent et le moins longtemps possible. Cette exigence est cohérente avec l’objectif de minimiser les lésions musculaires et nerveuses pour maximiser les chances de rétablissement de l’animal.

Manipulation et déplacement des bovins à terre

Le programme proAction requiert une procédure normalisée de la gestion des animaux à terre. La première étape consiste en l’évaluation de la situation5. Quel est l’état de santé de l’animal? Est-ce que ses besoins peuvent être comblés sur place (voir encadré ci-dessous)? Les bovins à terre doivent avoir facilement accès aux aliments et à l’eau et être protégés contre les prédateurs, leurs congénères et les conditions météorologiques exceptionnelles (froid, pluie, rayons directs du soleil). Le logement doit comporter une surface de plancher antidérapante qui favorise leur rétablissement (Art. 5.3).

 

Le bovin à terre a-t-il…4

  • Un logement de taille suffi sante pour l’aider et comportant une surface antidérapante?
  • Accès à de l’eau et des aliments à la hauteur du museau?
  • Un endroit protégé des intempéries et des excès de températures?
  • Un endroit qui évitera les blessures subséquentes par les autres animaux ou les éléments du logement?
  • Des entraves aux membres arrière pour prévenir des blessures aux tentatives de lever?
  • Besoin d’être transporté vers un centre hospitalier?

Lorsque les besoins de l’animal ne peuvent être comblés sur place ou lorsqu’il est à risque de blessures, il doit parfois être déplacé. Le déplacement des bovins non ambulatoires est un défi. Si on peut déplacer l’animal, il faut préparer les outils pour le faire convenablement : licou, entraves pour les membres arrière, cordes ou sangles, poulies, tire-fort, traîneau et tracteur, si nécessaire4. Pour minimiser le risque de blessures, on recommande un minimum de 3 personnes pour déplacer et lever une vache à terre. Une personne devrait sécuriser la tête, une autre, faire pivoter les membres arrière préalablement attachés et la dernière, positionner l’équipement.

La fiche technique Soins des vaches à terre, développée en partenariat avec l’Université de Montréal, Lactanet, l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ) et Les Producteurs de lait du Québec, présente les différentes étapes pour l’évaluation, les soins, le déplacement et le lever de vaches à terre4.

Il ne faut pas déplacer un animal à terre en le suspendant par une chaîne, en le traînant ou en le soulevant sans supporter adéquatement le poids de son corps (Art. 4.1.1). Si l’animal doit être déplacé, mais qu’il est impossible de le faire sans causer de la souffrance additionnelle, l’animal doit être euthanasié sur place selon une procédure normalisée sur l’euthanasie5. L’arbre de décision pour l’euthanasie, développé en partenariat avec l’Université de Montréal, Lactanet, l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ) et Les Producteurs de lait du Québec, peut vous être utile pour évaluer la situation4.

Soins des bovins à terre

Les bovins doivent recevoir rapidement des soins adaptés à leur condition, incluant une gestion de la douleur au besoin (Art. 5.3). Il est important de ne pas administrer plus de traitements que ceux recommandés par le vétérinaire, tels que les suppléments de calcium ou les anti-inflammatoires, car ils peuvent causer des effets secondaires graves, comme les ulcères de la caillette4. Une fois localisés dans un endroit sécuritaire, les bovins à terre doivent être observés au minimum deux fois par jour (Art. 5.3). Au besoin, il faut traire sur place les vaches en lactation qui sont à terre pour prévenir l’engorgement mammaire (Art. 5.3). On recommande de traire la vache 2 fois par jour ou plus, s’il y a présence de mammite.

Même avec les meilleurs soins prodigués rapidement, les bovins à terre présentent seulement de 35 à 40 % de chance de rétablissement4. Un personnel former pour détecter les signes de blessures, de boiterie et de maladies peut aider à prévenir l’incidence de vaches à terre (Art 5.3).

Références

1 Poulton, P. J., Vizard, A. L., Anderson, G. A. et Pyman, M. F. (2016). Importance of secondary damage in downer cows, Australian Veterinary Journal, 94(5), 138-144. https://doi.org/10.1111/avj.12437
2 Comité scientifique du code de pratiques pour les bovins laitiers (2020). Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers : revue de la littérature scientifique relative aux enjeux prioritaires. National Farm Animal Care Council. https://www.nfacc.ca/pdfs/codes/ scientists-committee-reports/Dairy%20Cattle%20SC%20Report%202020_FR.pdf
3 Stojkov, J., Weary, D. M. et von Keyserlingk, M. A. G. (2016). Nonambulatory cows: Duration of recumbency and quality of nursing care affect outcome of flotation therapy, Journal of Dairy Science, 99(3), 2076-2085. https://doi.org/10.3168/jds.2015-10448
4 Villettaz-Robichaud, M. et Christen, A.-M. (2023, 24 janvier). La gestion des bovins non ambulatoires : mettre toutes les chances de son côté. Lactanet. https://lactanet.ca/gestion bovins-non-ambulatoires/
5 Les Producteurs laitiers du Canada (2023, juillet). Manuel de référence proAction. http://www.proaction.quebec/wp-content/ uploads/2023/08/2023_DFC_proAction_Manuel-de-reference_FR_FINAL_web.pdf