Les exigences pour tous les bovins laitiers – Partie II

Les exigences pour le logement, l’alimentation et la santé de tous les bovins laitiers sont traitées dans les sections 2, 3 et 5 du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. Une partie de ces exigences a été présentée dans l’article du dernier numéro, voici la suite.

Alimentation et eau d’abreuvement

Les exigences concernant l’alimentation sont précisées dans le nouveau Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers (Code). En plus d’assurer la bonne santé et la vigueur des bovins, la ration doit être appétente, répondre aux besoins nutritionnels des bovins, favoriser la satiété et le maintien de l’état de chair, et ce, quotidiennement (Art. 3.2). Une exigence est également ajoutée concernant la conception des aires d’alimentation. Il est exigé de fournir suffisamment d’espace linéaire à la mangeoire pour combler les besoins nutritionnels des animaux (Art. 2.7). La recommandation est de 60 cm (24 po) d’espace linéaire par vache en lactation et de 76 cm (30 po) d’espace linéaire par vache en transition. Comme les vaches ont tendance à synchroniser leur alimentation, il peut être utile d’utiliser des barrières physiques en stabulation libre, comme les cornadis ou les stalles d’alimentation, pour réduire les bousculades et prolonger le temps d’alimentation1.

L’eau doit avoir bon goût, en plus d’être propre, tout comme les systèmes d’abreuvement. Les bovins doivent avoir accès à de l’eau en quantité suffisante pour préserver leur hydratation normale et leur santé. Les besoins en eau varient selon la température et l’humidité relative, l’humidité de la ration, le stade de production et la santé de l’animal. Le tableau 1 sur la consommation d’eau quotidienne des bovins laitiers peut être consulté à titre indicatif. Lors des périodes chaudes, la consommation d’eau peut augmenter d’environ 60 % pour les vaches laitières. Par exemple, une vache de 600 kg produisant 30 kg de lait par jour et qui consomme 92 L d’eau par jour quand il fait 10 °C peut consommer 146 L par jour si la température atteint 32 °C2.

La compétition autour des aires d’abreuvement influence également la consommation3. Il est recommandé de fournir un espace d’abreuvement suffisant pour réduire la compétition, soit 8,9 cm (3,5 po) par vache en lactation. En stabulation libre, il est également suggéré de placer les points d’abreuvement dans les zones de passage, telles qu’aux intersections des allées. Les vaches en stabulation libre boivent environ 7 fois par jour comparativement aux vaches en stabulation entravée qui boivent environ 14 fois4.  Un débit d’eau plus rapide réduit le temps passé à boire et augmente la quantité d’eau totale consommée par jour. Il est recommandé de vérifier les abreuvoirs au moins une fois par jour pour s’assurer qu’ils sont propres et que l’eau est dispensée à un débit idéal. On recommande un débit d’eau minimum de 4 litres par minute5. Il est avantageux de fournir un accès constant à l’eau, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. En effet, dans les pâturages, la limitation de l’accès à l’eau pour seulement 2 heures peut réduire la production laitière plus rapidement qu’une déficience en nutriments4. À noter que la glace et la neige ne sont pas considérées comme des sources d’eau convenables (Art. 3.).

Les veaux ont aussi besoin d’eau. Les veaux qui ont accès à de l’eau d’abreuvement dès la naissance apprennent plus rapidement comment boire4. Leur consommation de lait est donc accrue, leur poids plus élevé au sevrage et leur développement ruminal peut être optimisé6.

La qualité de l’eau a une importance critique pour la consommation d’eau et la production laitière. Une eau qui n’est pas appétente peut drastiquement réduire la quantité d’eau consommée. La présence d’algues, de fumier ou des minéraux en trop grande quantité peut en influencer le goût. L’eau peut être testée en période de risque plus élevé(printemps, automne) et lorsqu’on observe des réticences à boire ou une réduction de l’ingestion d’aliments. Certains producteurs ont pu améliorer leur production laitière en filtrant leur eau de puits après une analyse complète de l’eau d’abreuvement. Différentes méthodes de filtration et de traitement de l’eau sont présentées dans le Guide terrain sur la qualité de l’eau d’abreuvement du bétail2.

Prévention des maladies, des blessures et boiterie

Tous les éléments des systèmes de logement doivent être maintenus en bon état pour réduire au minimum les boiteries et les blessures (Art. 2.1). Selon un sondage de l’Université Wisconsin- Madison, les troupeaux souffrant le moins de boiteries ont des points en commun. La
majorité d’entre eux bénéficient d’une litière profonde, de ventilateurs au-dessus de leur aire de couchage et d’un parage d’onglon au minimum une fois par lactation. Dans les systèmes de stabulation libre, les facteurs communs suivants s’ajoutent : des cornadis à la mangeoire, des bains de pied à une fréquence moyenne de 4,5 fois par semaine et des tapis en caoutchouc dans la salle de traite8. Dans les aires où les bovins passent de longues périodes, comme la salle d’attente pour la traite, il est bénéfique de pourvoir les planchers de matelas ou de tapis mous offrant une bonne adhérence. Lorsque les bovins sont réticents à se déplacer dans une aire de l’étable, la luminosité et l’adhérence du plancher peuvent être en cause.

De plus, il est requis que les stalles et leurs composants soient compatibles avec la taille des bovins, réduisent au minimum les boiteries et les blessures et permettent aux bovins de se reposer confortablement, de se lever et de se coucher avec aisance (Art. 2.5). La présence de blessures, telles que celles aux jarrets, aux genoux et au cou, n’est pas normale. Elles peuvent indiquer des logettes non adaptées pour la taille de l’animal. Le guide de Valacta présenté dans l’encadré fournit des recommandations de dimensions de logettes et stalles selon les mensurations réelles de vos vaches (hauteur et largeur aux hanches)9. Les mouvements de lever et coucher suivent généralement une séquence typique. Lorsque certains mouvements diffèrent de la séquence ou que la vache montre des hésitations, cela peut indiquer qu’un élément dans la logette lui impose de s’ajuster. Le guide traite également des causes fréquentes des blessures, des levers et couchers anormaux, des durées inadéquates de repos et des autres comportements anormaux en stalle. Par exemple, les vaches en position perchée en stabulation entravée peuvent manquer d’espace dans la stalle ou la barre d’attache peut être trop reculée. En stabulation libre, les logettes peuvent être trop courtes ou la barre de cou trop basse ou reculée. Parmi les autres exemples de comportement anormaux, notons la position en diagonale dans la stalle, la position sur les genoux ou les levers assis10.

Comme dans le Code précédent, des aires doivent être disponibles pour isoler, traiter et s’occuper des bovins malades et blessés. Les bovins qui boitent sont toutefois ajoutés à l’exigence (Art. 2.3.3). Les bovins qui éprouvent une difficulté à se déplacer bénéficient de l’absence de compétition d’une aire séparée. Il est recommandé de choisir un espace sans courants d’air, qui offre un contact visuel avec les autres bovins et qui est pourvu d’un mate las souple en caoutchouc et d’une litière profonde ou d’une litière de sable pour soutenir la convalescence des vaches. Le confort des bovins malades et blessés est essentiel pour favoriser la guérison.

Idéalement, une vache laitière devrait se reposer 14 heures par jour. Lorsque les vaches se reposent moins de 9 heures par jour ou plus de 15 heures par jour, le risque de réforme augmente de 67 %10. Le nettoyage et la désinfection de ces aires entre chaque utilisation sont une bonne pratique pour limiter la présence d’agents pathogènes.

En général, il est important de garder les bovins propres pour réduire les maladies au minimum, préserver la santé du pis et des pieds et favoriser le confort des animaux (Art. 5.1.1). Les animaux souillés sont plus sensibles aux maladies, telles que la mammite, qui influencent négativement la production. Le bien-être animal est également affecté, car dans ces cas les vaches sont plus fragiles aux blessures de jarrets et le contact de la peau avec le lisier peut causer des brûlures et des dermatites11. Un poil souillé diminue la capacité de thermorégulation des vaches, ce qui augmente leurs dépenses énergétiques. Fournir une couche de litière sèche épaisse qui est renouvelée et égalisée fréquemment est la clé pour la propreté des vaches. De plus, l’hygiène des allées, des aires d’attentes et des aires extérieures est importante à considérer. Les stalles d’alimentation équipées de plateformes surélevées peuvent permettre aux vaches de se tenir debout devant la mangeoire dans un endroit propre et sec12. Le brossage est également utile pour maintenir la propreté.

RÉFÉRENCES :

1 DeVries, T. J. et von Keyserlingk, M. A. G. (2006). Feed stalls affect the social and feeding behavior of lactating dairy cows. Journal of Dairy Science, 89(9), 3522-3531. https://doi.org/10.3168/jds.s0022-0302(06)72392-x
2 Olkowski, A. A. (2009). La qualité de l’eau d’abreuvement du bétail : guide de terrain relatif aux bovins, aux chevaux, à la volaille et aux porcs. Université de Saskatchewan. www5.agr.gc.ca/resources/prod/doc/terr/pdf/lwq_guide_f.pdf
3 Jensen, M. B. et Vestergaard, M. (2021). Invited review: Freedom from thirst—do dairy cows and calves have sufficient access to drinking water? Journal of Dairy Science, 104(11), 11368-11385. https://doi.org/10.3168/jds.2021-20487
4 PennState Extension (2021). The Value of Water. https://extension.psu.edu/the-value-of-water
5 Mongeon, M. S. (2013, 15 janvier). Vos vaches ont-elles assez d’eau? Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario. https://omafra.gov.on.ca/french/crops/organic/news/2012/2012-12a2.htm
6 Wickramasinghe, H. K. J. P., Kramer, A. J. et Appuhamy, J.A.D.R.N. (2019). Drinking water intake of newborn dairy calves and its effects on feed intake, growth performance, health status, and nutrient digestibility. Journal of Dairy Science, 102 (1), 377-387.
7 McKague, K. et Ward, D. (2023). Les exigences en eau des animaux d’élevage. Ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales de l’Ontario. https://fi les.ontario.ca/omafra-water-requirements-livestock-23-024-fr-2023-04-25.pdf
8 Adam, S. (2020, 15 avril). Les surfaces. Lactanet. https://www.apoq.ca/sites/default/fi les/Surfaces_plancher_SAdam%206_dec_2019_0.pdf
9 Baillargeon, J., Adam, S. et Lequin, D. (2014). Guide pratique pour l’évaluation et l’amélioration du confort à l’étable. Valacta. https://lactanet.ca/ wp-content/uploads/2015/01/guide-confort-etable-final2.pdf
10 Bécotte, F., Vasseur, E., Lefebvre, D., De Passillé, A.- M., Rushen, J., Haley, D. B. et Pellerin, D. (2014). À la recherche des vaches perdues. Forum technologique Novalait.
11 Lundmark Hedman, F., Andersson, M., Kinch, V., Lindholm, A., Nordqvist, A. et Westin, R. (2021). Cattle cleanliness from the view of Swedish farmers and Official Animal Welfare Inspectors. Animals, 11(4), 945. https://doi.org/10.3390/ani11040945
12 Solano, L. (2018, 18 juillet). How to minimize the negative effects of automated alley scrapers on hoof health. Progressive Dairy. https://www.agproud.com/articles/30800-how-to-minimize-the-negative-effects-of-automated-alley-scrapers-on-hoof-health

Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers révisé a été publié le 30 mars 2023 et est entré en vigueur le 1er avril 2024. Certaines exigences du Code seront toutefois effectives après cette date.