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Les exigences pour tous les bovins laitiers – Partie I

Les exigences pour tous les bovins laitiers sont traitées dans la section 2 sur le logement du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers révisé (Code). Certaines pratiques autrefois recommandées deviendront obligatoires. Par exemple, toutes les installations, incluant les huches, devront fournir de l’air frais aux bovins, prévenir l’accumulation d’émanations nocives, de poussières et d’humidité, et réduire au minimum le risque de stress dû à la chaleur ou au froid.

Ventilation

La ventilation, qu’elle soit naturelle ou mécanique, devra permettre d’éliminer efficacement la poussière, les agents pathogènes en suspension et les émanations. Ces derniers sont des irritants pour les animaux et peuvent les rendre plus susceptibles aux infections respiratoires. Si l’odeur de l’ammoniac est détectée facilement, sa concentration devrait être testée et maintenue en deçà de 5 à 10 ppm. Une bonne ventilation est cruciale dans toutes les aires de l’étable. Pour y arriver, il est recommandé d’atteindre 4 à 8 changements d’air par heure en hiver et 40 à 60 en été1. L’objectif du changement d’air est de purifier l’étable en faisant entrer de l’air de l’extérieur et sortir l’air vicié. Une étable plus grande nécessitera plus de ventilateurs ou des ventilateurs plus puissants pour atteindre les changements d’air nécessaires2. Le nombre de changements d’air par heure peut être réduit lorsque la densité animale est plus faible. Les agents pathogènes, comme les bactéries, peuvent être retrouvés en suspension dans l’air. Il est donc recommandé de ne pas loger les veaux dans le même espace que les bovins adultes pour réduire le risque de transmission de maladies.

Différentes stratégies sont suggérées pour atténuer les effets des fluctuations de température sur les bovins. Par temps froid, il est recommandé d’augmenter graduellement l’apport nutritionnel, de surveiller le taux d’humidité relative pour qu’elle soit en deçà de 75 % et de protéger les animaux des courants d’air. Par temps chaud, il est plutôt suggéré d’offrir des endroits ombragés et d’augmenter la circulation de l’air dans les étables et les huches. Par exemple, l’arrière des huches peut être soulevé et celles-ci peuvent être placées à l’ombre. Les
ventilateurs d’appoint peuvent être utilisés pour améliorer la circulation de l’air. L’isolation de la toiture est également bénéfique pour réduire les fluctuations de température. Durant les périodes chaudes de l’année, les vaches s’alimentent moins pour réduire la chaleur provenant de la rumination et passent plus de temps debout pour se rafraîchir4. Ces comportements expliquent la diminution de la production et du taux de gras du lait généralement observée par les producteurs à ces périodes. Les températures ambiantes de confort des
vaches se situent entre 0 et 20 °C. Le taux d’humidité influence toutefois le seuil de stress thermique. Notamment, dans les climats tempérés, le seuil de stress à la chaleur peut être à 18 °C à une humidité relative de 75 %3. Les vaches plus performantes seront aussi plus sensibles aux effets de la chaleur.

La ventilation est la première ligne d’attaque pour atténuer le stress thermique. Dans un climat humide, un vent de 5 à 7 km/h (300 à 400 pi/min) dirigé vers le poil des vaches est la vitesse requise pour refroidir ces dernières en période de stress thermique1. Un taux de changement d’air de 40 à 60 fois par heure est souvent largement insuffisant pour atteindre la vitesse de refroidissement des vaches. À ce taux, la qualité de l’air de l’étable est bonne, mais la vitesse du vent dirigé sur les vaches est trop faible pour les refroidir en cas de stress thermique. Le consultant en confort et bien-être animal et agronome, Steve Adam, recommande l’addition de ventilateurs spécifiquement pour la circulation de l’air dédié aux vaches2. Des déflecteurs, plus couramment installés dans les systèmes de ventilation transversale, peuvent également être utilisés pour augmenter la circulation d’air à la hauteur des vaches5. Que ce soit en ventilation tunnel, naturelle ou transversale, la mesure de la vitesse du vent avec un anémomètre doit être prise à la hauteur des animaux aux différents endroits de l’étable1.

Les méthodes de refroidissement de l’air, comme la brumisation, sont critiquées dans les régions tempérées. En effet, dans les régions humides, l’addition d’eau dans l’air pour rafraîchir les vaches peut exacerber certaines maladies, telles que la mammite, à cause de l’humidification de la litière3.  La brumisation par gouttelettes (dirigées vers l’animal), et non par bruine (dirigée dans l’air), peut être bénéfique dans les aires d’attentes durant les canicules4. Cependant, une ventilation à forte vitesse est cruciale pour assécher les vaches et éviter que la brumisation augmente l’humidité de l’étable, la litière et les aliments. Comme les températures peuvent fluctuer rapidement, il est également utile d’installer des systèmes automatisés, si possible, pour s’adapter rapidement aux conditions météorologiques.

Les éléments de conception de l’étable, tels que son orientation, la hauteur des murs latéraux, la pente de toit, l’ouverture du faîte et la largeur du toit, influencent grandement la ventilation dans l’étable et la vitesse du vent d’un endroit à l’autre1. Outre le type de système de ventilation, la qualité de la ventilation varie selon la densité d’élevage, du système de gestion du fumier et des conditions météorologiques3. Puisqu’il y a beaucoup de facteurs influençant la ventilation d’une étable, il est recommandé de consulter un conseiller qualifié pour
analyser les besoins de votre ferme.

Litière 

Les exigences concernant la litière ont été simplifiées. Effectivement, il est requis que tous les bovins disposent d’une surface de repos recouverte de litière sèche fournissant confort, isolation et adhérence (Art. 2.8). Il est toujours recommandé de fournir d’abondantes quantités de litière propre et sèche. De toutes les améliorations de stalle possibles, l’augmentation de la quantité de litière entraîne les meilleurs résultats quant au bien-être. Elle contribue au repos et au confort des vaches qui passent plus de temps en position couchée, aide à la prévention des boiteries et favorise la guérison des blessures. Un garde-litière peut être utilisé pour maintenir la litière dans l’aire de repos de l’animal. Les vaches et les veaux passent plus de temps debout lorsqu’ils n’ont pas accès à de la litière sèche. À titre indicatif, si vos genoux sont humides après 25 secondes de contact avec le sol, la litière est trop humide pour les animaux. La surface de la stalle contribue également à la mollesse et l’adhérence de la surface de couchage.

Une analyse des points forts et faibles des différentes litières est fournie dans Le guide pratique pour l’évaluation et l’amélioration du confort à l’étable de Valacta (voir encadré) 7. Par exemple, la litière de sable ou de mousse de tourbe permet de dissiper la chaleur plus aisément en été, alors que la litière de paille est plus isolante pour l’hiver. Pour pallier le stress dû à la température, un matelas à l’eau est plus frais comme surface de couchage2.

Entraves et dresseurs 

Le nouveau Code présente des obligations concernant les entraves. Tous les bovins possédant une chaîne ou entrave de la tête devront pouvoir se reposer avec la tête retournée sur le corps (Art. 2.5). Une attache de 1 mètre ou plus, dépendamment du positionnement de la barre d’attache, peut répondre à cette exigence. Il a été constaté que les chaînes plus longues facilitent les mouvements et accroissent l’utilisation de la stalle en stabulation entravée8. Elles sont aussi associées à une réduction des blessures aux jarrets et aux genoux. Le guide de Valacta présente des formules permettant de calculer la longueur de chaîne idéale selon les mensurations réelles de vos vaches (hauteur et largeur aux hanches)7. Le lien vers ce guide se trouve dans l’encadré. En stabulation entravée, les cornadis seront interdits, car ils restreignent sévèrement la liberté de mouvement des animaux. En stabulation libre, les cornadis aux mangeoires sont permis et même recommandés pour réduire la compétition. L’utilisation des dresseurs électriques est plus encadrée dans le nouveau Code. Ils peuvent uniquement être utilisés pour entraîner ou rééduquer individuellement des bovins. L’utilisation de dresseurs électriques qui ne sont pas installés correctement peut compromettre l’hygiène et mener à une augmentation des blessures aux jarrets et aux pieds. Ils doivent donc être sécuritaires, ajustables et positionnés de manière à permettre aux animaux de se nourrir, de se tenir debout et de se coucher normalement (Art. 2.5.1). Pour l’entraînement, il est recommandé de positionner les dresseurs à une hauteur de 5 cm (2 po) pendant 24 h. Après la période d’entraînement, le dresseur éteint peut être positionné à une hauteur de 10 cm (4 po) ou plus au-dessus de l’échine. À lire : la suite des exigences concernant tous les bovins, dans la revue, édition de décembre.

Le saviez-vous?

Le contrôle de la ventilation par l’intelligence artificielle (IA) est à nos portes. Plutôt qu’adapter la ventilation à la température ambiante dans le bâtiment, l’IA ajustera la ventilation selon les prédictions de température à long terme. Notamment, le contrôle par l’IA pourra mener à la conservation de la chaleur dans l’étable pendant la journée en prévision d’une chute de température en soirée. Les décisions de l’IA proviennent d’algorithmes considérant une multitude de données, telles ques les besoins des animaux, les prédictions météorologiques et les taux de poussière, d’humidité, d’ammoniac et de dioxyde de carbone. L’IA devra être adaptée pour chaque ferme l’utilisant et sera donc implémentée graduellement au cours de plusieurs années. En effet, les données de ventilation du producteur devront être récoltées avant que l’IA puisse procéder à des analyses et suggérer des recommandations6.