Les soins de santé pour les veaux et les génisses

La section 3.3 du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers révisé traite de la nutrition et de la gestion de l’alimentation, la section 4.2, des interventions chirurgicales et de l’élevage, et la section 5.5, de la santé des veaux. En voici un aperçu.

Santé des veaux

Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers (Code) révisé prescrit les mêmes exigences pour l’administration du colostrum au nouveau-né que le Code précédent. Il précise toutefois que les exigences s’appliquent pour les veaux mâles autant que femelles. En effet, les veaux devront recevoir au moins 4 litres de colostrum de bonne qualité dans les 12 heures suivant la naissance, et prendre leur premier repas le plus tôt possible, et pas plus tard que 6 heures après la naissance (Art. 5.5.1). Cette pratique est déjà intégrée au programme proAction. Le colostrum de mauvaise qualité immunitaire peut être enrichi avec du colostrum de remplacement pour atteindre un minimum de 50 grammes d’immunoglobulines G par litre et garantir l’apport de 200 grammes d’immunoglobulines dans le premier repas. Un réfractomètre Brix peut également être utilisé pour mesurer la qualité immunitaire du colostrum. Le colostrum dont la valeur Brix est supérieure à 22 % est considéré comme étant de bonne qualité. Toutefois, une valeur Brix supérieure à 24,5 % peut augmenter les chances d’obtenir une immunité passive quand des volumes plus bas (2,5-3,5 L) sont disponibles pour le premier repas1, par exemple pour les veaux de race jersey. Le colostrum de bonne qualité peut être conservé au congélateur jusqu’à 6 mois et au réfrigérateur pendant 3 jours au maximum2. Pour l’aspect microbiologique, un colostrum de bonne qualité doit présenter un faible  taux de coliformes (< 10 000 ufc) et de bactéries (< 100 000 ufc)1. La propreté de l’équipement de traite et d’alimentation joue sur la microbiologique du colostrum.

Les veaux bénéficient également du lait de transition, soit le lait de la 2e à la 6e traite, au cours de leurs premiers jours de vie. Le lait de transition permet d’améliorer la santé des veaux et de réduire le nombre de traitements antimicrobiens nécessaires3. Offrir du colostrum aux veaux affectés par un épisode de diarrhée permet de réduire la durée de la maladie et d’améliorer la croissance subséquente des veaux.

Des mesures correctives devront être prises si le taux de mortalité des veaux femelles âgés d’au moins 2 jours dépasse 10 %. Ces mesures devront être établies en consultation avec un médecin vétérinaire ou un autre conseiller qualifié pour améliorer la gestion du vêlage et la  santé des veaux (Art. 5.5). Les veaux qui survivent aux dystocies seront plus à risque de développer une maladie respiratoire ou la diarrhée et auront un taux de mortalité plus élevé jusqu’à l’âge de 30 jours4. Dans la majorité des cas, la mortalité avant le sevrage est causée par les diarrhées et les maladies respiratoires5.

Les veaux, comme les vaches, sont vulnérables aux fluctuations de température. Toutefois, le stress causé par le froid affecte plutôt les veaux. Il entraîne une réduction de l’absorption des immunoglobulines du colostrum et une augmentation du taux de mortalité. La quantité de lait et de lait de remplacement offerte aux veaux doit être accrue lorsqu’il y a un risque de stress dû au froid (Art 3.3). Les jeunes veaux ressentent l’effet refroidissant du vent à partir de 1 km/h (60 pi/min)6. Fournir aux veaux un logement sans courant d’air, doté d’une litière profonde et sèche ainsi que des lampes à rayons infrarouges et des manteaux, si nécessaire, atténuent les effets des températures froides7.

Concernant la profondeur idéale de litière, les pattes du veau devraient être complètement recouvertes lorsqu’il est couché2. Quant au stress thermique dû à la chaleur, il affecte également la performance des vaches taries, des génisses à naître et des vaches en lactation. Un stress thermique dû à la chaleur en fin de gestation entraîne une réduction de l’absorption des immunoglobulines du colostrum du veau; les futures performances reproductives, la production et la capacité de la génisse seront également réduites à leur maturité6.

Le Code comprend de nouvelles exigences sur le sevrage des veaux. Les veaux devront être sevrés sur une période d’au moins 5 jours et le sevrage devra se terminer lorsque les veaux auront au moins 8 semaines (Art. 3.3.1). Il est recommandé de commencer le processus de sevrage lorsque les veaux consomment au moins 1,4 kg/jour de concentrés pendant au moins 3 jours consécutifs ou lorsqu’ils ont au moins 8 semaines. La consommation d’aliments solides avant le sevrage permet de réduire le tétage entre les veaux8, alors que le sevrage des veaux à 8 semaines favorise la maturation du système immunitaire et améliore leur réaction physiologique au stress de sevrage. Le sevrage progressif sur un minimum de 5 jours entraîne une meilleure ingestion des grains et du développement du rumen.

Conséquemment, la croissance des veaux sevrés graduellement est améliorée9. Un sevrage sur au moins 10 jours est recommandé pour maximiser le gain de poids après le sevrage. Il existe plusieurs méthodes et programmes de sevrage. Le sevrage des veaux peut être réalisé  en réduisant la quantité de lait distribuée lors des périodes d’alimentation ou en réduisant le nombre de périodes d’alimentation par jour. Il est à noter que la production laitière et la reproduction des vaches peuvent être améliorées lorsqu’elles ont eu accès à une quantité élevée de matières sèches avant le sevrage10. Il est également recommandé que les veaux ne surmontent qu’un seul stress à la fois. Le sevrage n’est donc pas le moment idéal pour regrouper les veaux, les déplacer, changer leurs aliments solides ou les ébourgeonner.

Interventions chirurgicales : ébourgeonnage

Le Code présente des nouveautés quant aux interventions chirurgicales. Il sera désormais obligatoire de retirer les bourgeons des veaux avant l’âge de 2 mois. Seules des circonstances exceptionnelles pourront justifier l’écornage d’un bovin de plus de 2 mois d’âge. En effet,  la croissance de la corne entraine une intensification de la douleur au retrait et une augmentation des risques de complications, telles que les sinusites, les hémorragies et les infections12. Les mesures de contrôle de la douleur sont aussi spécifiées par la nécessité d’utiliser une anesthésie locale et une analgésie systémique pour le retrait des bourgeons ou des cornes. Cette pratique est déjà incorporée dans proAction. L’anesthésie fait référence aux médicaments qui réduisent l’activité du système nerveux, soit locale, pour endormir certains nerfs, soit générale, causant une perte de conscience. La sédation est également un état de dépression du système nerveux, mais à un plus faible degré. L’anesthésie et la sédation n’éliminent pas la douleur. L’analgésie correspond plutôt aux médicaments qui atténuent ou éliminent la douleur13, 14. Le manuel de référence de proAction recommande plusieurs méthodes d’ébourgeonnage selon l’âge du bovin. Par exemple, la pâte caustique devrait être utilisée pour les veaux de moins de 7 jours et le fer chaud pour les veaux de moins de 12 semaines. Comme prescrit précédemment, le saignement devra être contrôlé lors de l’écornage. La méthode utilisant des bandes élastiques n’est pas acceptable pour l’écornage (Art. 4.2.2). Cette exigence était déjà appliquée par le programme proAction.