Les pratiques et soins de santé pour les vaches

La section 4.2 du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers révisé traite des interventions chirurgicales et d’élevage et la section 5, de la santé des bovins. En voici un aperçu

Relation vétérinaire-client-patient

Comme exigé dans le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers (Code) précédent, les producteurs doivent avoir une relation vétérinaire-client-patient (RVCP). La RVCP est une relation de travail et une interaction dans une entente de confiance entre un client/patient et un médecin vétérinaire. Elle permet la prescription de produits pharmaceutiques et la téléconsultation1.

Tenue des dossiers

Les épisodes de maladies, les traitements et les mortalités ainsi que leurs causes, si elles sont connues, devront désormais être consignés (Art. 5.1).  Des dossiers exacts et complets permettent de suivre l’état de santé plus efficacement et sont associés à de plus faibles taux de maladies2,3. La tenue de dossier détaillée favorise également la médecine préventive, le respect des temps de retraits, le suivi de l’utilisation des antibiotiques et les décisions de réforme éclairées. Le programme proAction requiert déjà un registre consignant les avortements, mammites et boiteries chez les vaches ainsi que les épisodes de diarrhée, pneumonies et décès chez les veaux et les vaches.

Le nouveau Code exige toutefois que les dossiers soient conservés pendant au moins 3 ans pour suivre la santé des animaux. De plus, ils devront être examinés par un médecin vétérinaire dans le cadre de la planification continue de la santé du troupeau et de la prévention des maladies (Art. 5.1). Le programme proAction exige déjà la collaboration avec un vétérinaire pour les procédures normalisées de vaccination et de biosécurité lors de l’introduction de nouveaux animaux, du retour d’animaux à la ferme et de l’arrivée de visiteurs4. Il est recommandé d’élaborer d’autres protocoles pour les aspects prioritaires de la santé du troupeau (voir encadré ci-dessous).

Traitement et prévention de la mammite

Les épisodes de mammite sont classés selon l’importance de la réaction inflammatoire (clinique ou non clinique). Les mammites cliniques sont séparées en trois grades pour en évaluer la sévérité. Les mammites légères (grade 1) sont caractérisées par un lait visiblement anormal en absence de tout autre signe. Les mammites modérées (grade 2) se manifestent par un lait animal et un quartier anormal qui présente des signes d’inflammation (enflure, rougeur, chaleur et douleur).

Les mammites sévères (grade 3), aussi appelées mammites aiguës ou toxiques, sont défi nies par une mammite qui devient systémique. L’animal présente, en plus du lait et du quartier anormaux, de la fièvre, de l’anorexie et une dégradation de l’état pouvant aller jusqu’au décubitus (vache à terre) et à la mort. Les études ont démontré que les indicateurs de douleur, physiologiques et comportementaux, sont visibles dans les trois catégories, mais augmentent avec la sévérité de la mammite6. Le Code requiert désormais que l’analgésie systémique fasse partie du traitement des vaches atteintes de mammite clinique aiguë sévère (Art. 5.6). L’analgésie systémique procure un soulagement de la douleur qui fait que les vaches atteintes de mammite diminuent moins leur consommation alimentaire et récupèrent plus rapidement.

La production laitière suit le même schéma, avec un léger décalage. Traiter la douleur permet donc de soulager l’inconfort chez la vache et amène un retour sur l’investissement en réduisant les pertes économiques associées à la diminution de la consommation alimentaire et de la production laitière.

Traitement et prévention de la boiterie

La boiterie se défi nit comme toute altération de la démarche d’un animal causée par la douleur ou l’inconfort. Elle peut se manifester par la claudication (une ou plusieurs pattes sont favorisées pour éviter de porter du poids sur le membre affecté, rythme inégal du placement des pieds, foulée réduite, dos arqué et balancement de la tête). La gestion de la boiterie commence par la prévention. Les pieds et les onglons doivent être inspectés et les onglons parés régulièrement pour favoriser une démarche normale et réduire les boiteries (Art. 5.7.1).

Le parage, minimalement une à deux fois par année ou plus souvent, au besoin, permet de rétablir la biomécanique de l’onglon pour favoriser une meilleure démarche, une usure égale des onglons et prévenir les problèmes aux pieds. Le personnel doit être capable de détecter les signes de blessures, de boiterie (y compris les anomalies de la démarche ou de la mobilité) et de maladies (Art 5.3). En effet, la probabilité qu’un animal malade ou blessé se rétablisse dépend de la rapidité et de la qualité des soins qu’il reçoit. La formation du personnel pour détecter les problèmes est donc d’autant plus importante. Les producteurs doivent établir des seuils de prévalence pour la boiterie et les blessures aux membres et prendre des mesures correctives lorsque ces seuils sont dépassés (Art. 5.7). L’annexe E du Code contient des systèmes de notation de la mobilité des vaches laitières en stabulation libre et en stabulation entravée. Il est recommandé de viser à limiter la prévalence des boiteries et des blessures aux membres à moins de 10 %. Le personnel doit donc observer régulièrement les bovins pour détecter les signes de boiterie ou les blessures aux membres, afin de les diagnostiquer et de les traiter rapidement (5.7).

Au même titre que les bovins malades, blessés ou souffrants, les bovins boiteux doivent recevoir rapidement des soins adaptés à leur condition, comprenant une gestion de la douleur au besoin. Ils doivent être observés au moins deux fois par jour (Art. 5.3). Lorsqu’elles sont détectées, les lésions infectieuses aux pieds doivent être traitées pour contrôler l’infection (Art. 5.7.1). Le parage thérapeutique des onglons doit inclure des stratégies pour soulager la douleur et la pression sur la zone blessée et favoriser la guérison. Il faut également inclure une gestion de la douleur dans le traitement des bovins qui reçoivent un parage invasif des onglons (Art. 5.7.1). Le parage préventif et de routine des onglons contribue à réduire l’incidence des boiteries10. La fréquence du parage préventif des onglons dépend de nombreux facteurs et doit être déterminée en fonction des besoins de chaque exploitation. Il est recommandé de tenir des registres précis et complets sur le parage des onglons pour faire le suivi des cas et effectuer des ajustements au besoin.

D’autres pratiques de gestion et de conception de logement peuvent contribuer à prévenir les boiteries chez les bovins. Par exemple, l’accès aux pâturages et une litière profonde avec des matières organiques ou du sable sont associés à une réduction du risque de boiterie11,12. Il est recommandé d’ajouter des quantités généreuses de litière propre et sèche (au moins 2 pouces) pour contribuer à la prévention des boiteries. Une bonne conception des logettes est un autre facteur pouvant réduire les risques de boiterie des bovins et les blessures liées à la boiterie, par exemple aux jarrets. Parmi les facteurs de risque courants de la conception des logettes, citons les logettes trop étroites et/ou trop courtes, les surfaces de logettes dures, un arrêtoir trop haut, une bordure arrière trop haute, des surfaces de logettes glissantes et, pour les étables à logettes entravées, une attache au cou trop courte11,13. Le sol est un autre facteur important à prendre en considération. Pour réduire le risque de boiterie, le sol doit être propre et offrir une bonne traction. Les sols rainurés ou texturés en béton ou en caoutchouc peuvent être utilisés pour améliorer la traction14. Les sols en caoutchouc ont une bonne compressibilité et les vaches y ont plus de facilité à marcher.

Ils peuvent donc être une bonne option pour les couloirs de transfert, les aires d’attente et les salles de traite14. La réduction du temps passé par les vaches dans les aires d’attente peut également contribuer à réduire le risque de boiterie11. Les bains de pieds sont un autre outil efficace pour prévenir les boiteries en réduisant la prévalence de la dermatite digitale à la ferme. Les dimensions du bain de pieds doivent être adaptées pour en améliorer l’efficacité, en veillant à ce que les bovins immergent leurs pattes arrière dans la solution au moins deux fois15,16. La fréquence d’utilisation des bains de pieds doit être déterminée avec votre vétérinaire ou un professionnel de la santé des onglons. Consultez-les aussi pour déterminer les meilleures stratégies de prévention des boiteries pour votre troupeau.

Interventions chirurgicales : amputations de la queue

Comme prescrit précédemment, l’amputation de la queue des bovins n’est pas permise, sauf si cela est médicalement nécessaire pour un animal en particulier. Par exemple, le traitement d’une queue cassée peut nécessiter une amputation. Le programme proAction demande déjà un registre de l’amputation de la queue4. Dans ce cas, une gestion de la douleur appropriée devra être assurée (Art. 4.2.4). Les douleurs aiguës atteignent leur intensité maximale de 24 à 72 heures après l’intervention8. L’amputation de la queue est extrêmement douloureuse, peut causer une infection postopératoire et mener au développement de névromes causant une douleur fantôme. La gestion de la douleur est donc très importante pour ne pas nuire à la santé et au bien-être de la vache. Les producteurs sont tenus d’acheter des animaux ayant la queue intacte et de s’assurer que les éleveurs de génisses n’amputent pas la queue de leurs futures vaches.

Protocoles recommandés

  • Prévention et contrôle des maladies infectieuses
  • Prévention et contrôle des maladies alimentaires et métaboliques
  • Lutte antiparasitaire
  • Gestion du vêlage
  • Santé des veaux
  • Prévention des boiteries et soins du pied
  • Surveillance et contrôle des mammites

Références

1 Ordre des médecins vétérinaires du Québec (n. d). Qu’est-ce qu’une relation MÉDECIN VÉTÉRINAIRE-CLIENT-PATIENT (RVCP)? https://www.omvq.qc.ca/conseils-pour-vos-nimaux/information-generale/1056-17-quest-ce-quune-relation-medecin-veterinaire-client-patient-rvcp-.html
2 Vasseur, E., Rushen, J., de Passillé, A.M., Lefebvre, D. et Pellerin, D. (2010). An advisory tool to improve management practices affecting calf and heifer welfare on dairy farms. Journal of Dairy Science, 93(9), 4414-4426.
3 Lundborg, G. K., Svensson, E. C. et Oltenacu, P. A. (2005). Herd-level risk factors for infectious diseases in Swedish dairy calves aged 0-90 days. Preventive Veterinary Medicine, 68(2-4), 123-143.
4 Les Producteurs laitiers du Canada (2023, juillet). Manuel de référence proAction. http://www.proaction.quebec/wp-content/uploads/2023/08/2023_DFC_proAction_Manuel-de-reference_FR_FINAL_web.pdf
5 Roberson, J. R. (2012). Treatment of clinical mastitis. Veterinary Clinics of North America: Food Animal Practice, vol. 28, p. 271-288
6 Comité scientifi que du code de pratiques pour les bovins laitiers (2020). Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers : revue de la littérature scientifi que relative aux enjeux prioritaires. National Farm Animal Care Council. https://www.nfacc.ca/pdfs/codes/scientists-committee-reports/Dairy%20Cattle%20SC%20Report%202020_FR.pdf
7 Dubuc, B. (s. d). Capsule outil : L’anesthésie et l’analgésie. Le cerveau par Université McGill. https://lecerveau.mcgill.ca/fl ash/capsules/outil_bleu28.html
8 Association canadienne des médecins vétérinaires (2022, 22 février). Prise en charge de la douleur chez les animaux. https://www.veterinairesaucanada.net/politiques-et-rayonnement/enonces-de-position/enonces/prise-en-charge-de-la-douleur-chez-les-animaux-auparavant-gestion-dela-douleur-chez-les-animaux
9 Comité scientifi que du code de pratiques pour les bovins laitiers (2020). Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers : revue de la littérature scientifi que relative aux enjeux prioritaires. National Farm Animal Care Council. https://www.nfacc.ca/pdfs/codes/scientists-committee-reports/Dairy%20Cattle%20SC%20Report%202020_FR.pdf
10 Roche, S. M., Renaud, D. L., Saraceni, J., Kelton, D. F., et DeVries, T. J. (2023). INVITED REVIEW: Prevalence, risk factors, treatment, and barriers to best practice adoption for lameness and injuries in dairy cattle: A narrative review. Journal of Dairy Science. Sous presse, Journal Pre-proof https://doi.org/10.3168/jds.2023-23870
11 Comité scientifi que du code pour les bovins laitiers (2020). Boiterie et blessures. Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers : revue des études scientifi ques relatives aux questions prioritaires. National Farm Animal Care Council. https://www.nfacc.ca/pdfs/codes/scientists-committee-reports/Dairy%20Cattle%20SC%20Report%202020.pdf
12 Solano, L. (2016, 1er février). Lameness: Assessment and management. Progressive Dairy. https://www.agproud.com/articles/45636-lameness-assessment-and-management
13 Lactanet (2014). L’étable, source de confort. Guide pratique pour l’évaluation et l’amélioration du confort à l’étable. www.lactanet.ca/guidepratique-evaluation-amelioration-confort-a-etable.
14 Dairyland Initiative, school of veterinary medicine, University of Wisconsin-Madison (2024). Housing Module; Adult Cow Housing; Flooring Types. Types de Surfaces de plancher – The Dairyland Initiative (wisc.edu).
15 Dairy Farmers of Canada. Footbaths for the Prevention and Control of Digital Dermatitis. Information Document. https://lactanet.ca/wp-content/uploads/2021/02/footbath-description-dfc-final.pdf
16 Dairyland Initiative, school of veterinary medicine, University of Wisconsin-Madison (2024). Housing Module; Adult Cow Housing; Footbath Design. https://thedairylandinitiative.vetmed.wisc.edu/fr/home-2/housing-module/adult-cow-housing/footbath/