Des objectifs clairs, des moyens à prendre

Le 1er avril prochain entrera en vigueur le nouveau Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. Les nouvelles exigences entreront progressivement en vigueur jusqu’en 2031 et concernent autant le logement des animaux, la liberté de mouvement, la gestion de la douleur, la ventilation que la formation du personnel. Une série d’exigences auxquelles les productrices et les producteurs devront se conformer. Mais doivent-ils porter seuls le poids, notamment financier, de ces changements?    

Les sociétés comme la science et les connaissances évoluent. Les attentes des consommateurs et la capacité d’y répondre progressent, nous permettant d’ajuster nos pratiques non seulement pour être plus performants, mais également pour mieux répondre aux préoccupations de nos concitoyens et concitoyennes.

Bien entendu, les attentes de la société ont été en progression ces dernières années, mais aussi les connaissances scientifiques, et c’est ce qui a amené la remise en question de certaines pratiques. C’est sur cette trame de fond que le comité canadien, chargé de réviser le code de pratiques, a effectué ses récents travaux. Les membres du comité devaient trouver l’équilibre entre les attentes exprimées pour un plus grand bien-être des animaux et la réalité sur le terrain dans les étables, le tout soutenu par les connaissances scientifiques dans le domaine. La nouvelle mouture du code qui en a émergé respecte cet équilibre, notamment grâce aux nombreux commentaires des producteurs québécois durant la période de consultation à l’hiver 2022.

Nous avons donc avec ce nouveau code des objectifs clairs à atteindre et un calendrier de travail déjà tracé. Si notre secteur est capable d’adaptation, d’innovation et de résilience, il n’en demeure pas moins que des investissements devront être consentis pour répondre à ces changements. Les productrices et les producteurs d’ici n’ont pas à faire les frais, seuls, du changement dans les attentes de la société, du changement dans le « contrat social » tacite qui unit les entreprises laitières aux citoyens sur la façon dont sont produits leurs aliments, en l’occurrence notre lait.

Le gouvernement du Québec, avec sa La Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal adoptée en 2015, se base sur les codes de pratiques en vigueur lors des inspections à la ferme. Dans le cas de notre production, il s’agit du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. Ainsi, la conformité au code est une obligation légale, selon le législateur.

Mais si les productrices et les producteurs ont cette obligation, le gouvernement a celle de les accompagner dans la mise aux normes qu’il exige.

Certains changements seront plus faciles à appliquer, d’autres demanderont des investissements plus ou moins élevés en fonction des entreprises laitières. Le gouvernement québécois ne peut laisser les producteurs à eux-mêmes et doit mettre en place un programme flexible, accessible et adaptable afin de les appuyer dans la mise à niveau. Il faut se rappeler que chaque dollar investi dans nos fermes génère de l’activité économique dans les régions et assure l’occupation du territoire.

Nous en entendons beaucoup parler dans les tournées de secteur, c’est une préoccupation majeure pour nos membres. D’ailleurs, le gouvernement a entre les mains la résolution unanime adoptée en AGA 2023 demandant aux gouvernements de développer conjointement un programme soutenant les investissements requis afin de permettre aux exploitations laitières de s’adapter au nouveau code. Nous assurons des représentations en ce sens auprès du gouvernement du Québec, et le temps presse devant le calendrier à venir. Le gouvernement a une opportunité de se montrer à l’écoute, d’éviter la détresse des agriculteurs, comme on peut le voir en Europe, et de tendre une main bienveillante aux producteurs et productrices d’ici qui travaillent tous les jours pour nourrir la population.