Contribuer aux efforts tout en continuant de nourrir la population

Les enjeux de société changent; les choix des consommateurs évoluent et demandent de l’adaptation tant à la ferme que pour l’ensemble de la filière. Dans les dernières décennies, nous avons vu une accélération des attentes en matière d’environnement. Heureusement, nos pratiques et notre modèle agricole nous permettent de faire partie de la solution.  

Depuis longtemps, les producteurs prennent des mesures en agroenvironnement et travaillent à réduire leur empreinte en adoptant de nouvelles approches et technologies. La dernière analyse du cycle de vie du lait a d’ailleurs démontré que le bilan environnemental s’est amélioré en cinq ans et que les émissions de gaz à effets de serre (GES) ont diminué pour chaque litre de lait produit. Notre empreinte carbone est l’une des plus faibles au monde : 0,93 kg eCO2 par kilogramme de lait, ce qui équivaut à moins de la moitié de la moyenne mondiale de 2,50 kg eCO2 par kilogramme de lait. Sans oublier que nous sommes engagés à atteindre la carboneutralité en 2050. Il s’agit d’un objectif ambitieux que nous chercherons à atteindre une étape à la fois.

La carboneutralité vise à parvenir à l’équilibre entre les émissions de GES et sa séquestration par les plantes et par d’autres moyens. Plusieurs stratégies sont nécessaires pour arriver à la carboneutralité, par exemple il faut mesurer, réduire et séquestrer davantage les émissions. Pour nous aider à atteindre notre objectif, plusieurs démarches sont déjà entreprises. Récemment, le gouvernement du Canada a annoncé le soutien fi nancier du Laboratoire vivant – Lait carboneutre qui a été développé par notre organisation et différents partenaires, dont Novalait. Ce projet d’innovation collaborative entre partenaires, producteurs, chercheurs et experts sera mené dans 20 fermes laitières pilotes réparties dans 4 régions du Québec. Ces fermes vont entreprendre une démarche d’amélioration de l’empreinte carbone de leur ferme en adoptant des stratégies de réduction des émissions de GES et de séquestration de carbone. Les résultats de ces activités de recherche pourront, éventuellement, être partagés avec tous les producteurs, contribuant ainsi à l’atteinte de nos objectifs en matière de développement durable.

Le gouvernement devra nous soutenir par les programmes qu’il met en place, mais aussi en s’assurant que la lourdeur administrative n’a pas pour effet d’hypothéquer la disponibilité des expertises et notre temps pour être dans l’action.

Grâce à un financement du gouvernement du Québec, nous démarrons également un projet de recherche qui vise à estimer les émissions de méthane des vaches à partir d’échantillons de lait de réservoir collectés dans les fermes laitières du Québec. À terme, avec ce projet, nous estimons qu’il sera possible d’obtenir une réduction de 14 à 16 % des émissions de méthane provenant de la fermentation entérique des troupeaux laitiers pour chaque kilogramme de lait produit.

Il faut aussi associer à cela l’adoption et la mise en marche de notre Plan d’action en développement durable qui s’articulent autour de la contribution économique et sociale, la production agricole responsable et la lutte aux changements climatiques. C’est donc dire que le travail est déjà bien entamé!

D’autant plus que des actions sont aussi entreprises dans les autres provinces et à l’échelle canadienne, dont la Grappe de recherche laitière 4 qui vient d’obtenir du financement et qui permettra à plusieurs projets de développement durable de voir le jour.

Rappelons-nous aussi que la gestion de l’offre est un modèle d’agriculture durable qui favorise la consommation de produits locaux tout en évitant le gaspillage alimentaire. Il permet de produire juste assez de lait pour répondre à la demande des consommateurs canadiens, de diminuer les exportations et importations de produits laitiers et de limiter le transport des aliments.

Bien sûr, les efforts collectifs et individuels continueront d’être requis dans les prochaines années. Pour faire avancer notre projet et le transformer en succès, nous n’avons pas le choix : il faudra travailler en équipe avec l’ensemble de l’industrie et avec l’appui des gouvernements. Contribuer aux efforts tout en continuant de nourrir la population nécessite des investissements financiers en recherche, en innovation et en transfert de connaissances. De plus, il sera primordial que les experts-conseils qui nous entourent soient disponibles et compétents pour nous accompagner dans la transition. Le gouvernement devra nous soutenir par les programmes qu’il met en place, mais aussi en s’assurant que la lourdeur administrative n’a pas pour effet d’hypothéquer la disponibilité des expertises et notre temps pour être dans l’action. Les programmes doivent être cohérents et en soutien avec tous les efforts que nous faisons pour nous améliorer.

Le climat, l’eau, l’air, les sols et la richesse de l’écosystème influencent directement notre travail. En tant que producteurs de lait, nous sommes bien placés pour constater les effets des changements climatiques. Les événements de météo extrêmes – gel hâtif, canicule, vents violents, sècheresse, inondation – auxquels nous sommes confrontés plus fréquemment nous obligent à nous adapter et à mettre en œuvre des moyens d’y faire face. Faire notre part dans la bataille climatique nous permettra de contribuer à la préservation de nos terres pour les générations futures et ainsi garantir la vitalité de nos régions et assurer un avenir durable à la production laitière.