S’adapter au marché

Des changements seront apportés à la politique de paiement des composants le 1er aout 2023 : le ratio maximal de paiement passera de 2,25 à 2,20 et il y aura une nouvelle référence de prix pour les solides non gras (SNG) de niveau 2.

C’est à l’automne 2022 que le Comité sur le quota de P5 a entrepris une démarche de révision des paramètres de la politique de paiement des composants. Le but était simple : le Comité souhaitait s’assurer que la distribution des revenus des producteurs était toujours en adéquation avec les objectifs initiaux de la politique qui sont de mieux refléter le revenu tiré du marché et d’assurer une meilleure équité entre les producteurs, dans un contexte de surplus structurels de SNG.

Les travaux du comité ont permis de conclure que certaines modifications devaient être apportées à la politique, car elle n’envoyait pas les signaux justes sur la réalité du marché et des surplus de SNG, en rémunérant de manière trop importante les SNG de niveau 2 et amenant un écart de revenu supérieur à ce qui était souhaité entre un producteur dont le ratio est bas et un dont le ratio est plus élevé.

Rappelons que la politique de paiement des composants, instaurée en aout 2021, ajoute un palier additionnel de ratio SNG/G dans le paiement, nommé « ratio de marché », qui permet d’identifier les SNG requis sur le marché canadien, que ce soit pour les produits laitiers ou la transformation secondaire. Les changements qui entreront en vigueur en aout 2023 ne visent pas le ratio de marché, mais celui maximal de paiement, qui passera de 2,25 à 2,20. Ainsi, la production de composants sous un ratio de 2,0 sont rémunérés à un prix supérieur, ceux entre 2,0 et 2,20 le seront à un prix révisé à la baisse et ceux au-dessus de 2,20 ne seront tout simplement pas rémunérés. Aussi, la référence de prix pour les SNG de niveau 2 passera à 70 % du prix de la classe 4a pour les protéines et à 70 % de 0,90 $/kg pour le lactose et les autres solides. Ces changements permettront de bonifier la rémunération offerte pour la matière grasse et la protéine sous le ratio de marché. Il est important que l’ensemble de la masse monétaire provenant du marché et versée aux producteurs demeure la même.

L’ensemble des détails sur les modifications qui seront apportées à la politique de paiement font d’ailleurs l’objet d’un article complet à la p. 10 de ce numéro. Vous trouverez également à la p. 13 des conseils et stratégies à mettre en place à la ferme pour mieux vous adapter aux changements.

Pour faire face au défi , nous devons continuer de travailler à la ferme afin de diminuer le ratio SNG/G du lait produit. C’est une des actions qui permettra de réduire nos surplus de SNG à moyen et long terme, ce qui est le signal envoyé par les changements à la politique de paiement en aout 2023.

Mais revenons sur l’enjeu majeur qui se trouve derrière plusieurs des décisions prises par le secteur laitier canadien depuis 20 ans : les surplus de SNG. Nous le savons, malgré toutes les mesures instaurées au fi l du temps, les tendances et les choix de consommation pour des produits laitiers riches en gras, comme la crème et le beurre, et le recul de la consommation du lait à boire ont contribué, et contribuent toujours, à faire croître de façon importante les surplus de SNG au pays. Le contexte commercial lié à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique a aussi complexifié le problème en imposant l’abolition de notre classe d’ingrédients et en plafonnant, de façon très contraignante, nos exportations de poudre de lait écrémé et de concentrés protéiques.

Pour faire face au défi , nous devons continuer de travailler à la ferme afin de diminuer le ratio SNG/G du lait produit. C’est une des actions qui permettra de réduire nos surplus de SNG à moyen et long terme, ce qui est le signal envoyé par les changements à la politique de paiement en aout 2023. En filière, nous devons développer des marchés qui offrent une meilleure rémunération, en plus de trouver tous les débouchés possibles pour valoriser les SNG en trop.

Mais nous avons besoin de plus que ça! Les scénarios de croissance du marché canadien pour les 15 prochaines années indiquent que la production requise pour remplir 100 % de la demande en matière grasse continuera de générer des surplus structuraux importants en SNG. Ces mêmes scénarios indiquent aussi que les capacités de transformation actuelles ne seront pas suffisantes pour transformer l’ensemble des SNG en surplus.

Nous avons besoin de projet et de programmes structurants pour favoriser les investissements visant à valoriser ces SNG. Évidemment, ceux-ci doivent se faire conjointement avec l’appui des gouvernements, des transformateurs, mais aussi des producteurs. Tous doivent poser des actions, car le défi de capacité de transformation est une épine dans le pied de toute la filière. L’annonce du gouvernement Trudeau, en novembre dernier, de mettre en place un fonds de 300 millions $ pour soutenir l’innovation et l’investissement dans des projets d’envergure afin de valoriser les SNG était un pas dans la bonne direction. Mais il faudra en faire encore plus dans les prochaines années.

Le problème des surplus de SNG a d’ailleurs été discuté par les producteurs lors des assemblées en région cet hiver. Les discussions se poursuivront lors de l’assemblée générale annuelle et avec nos instances nationales. Nous devons trouver des solutions pour affronter ce défi majeur, faire croître notre marché, minimiser les impacts sur notre revenu et ainsi assurer le développement durable de notre production.