AGA 2023 – Extrait du discours du président

L’éditorial du mois de juin est un extrait du discours du président des Producteurs de lait du Québec, Daniel Gobeil, prononcé dans le cadre de notre assemblée générale annuelle qui s’est tenue en avril dernier.

Vous l’aurez sûrement remarqué au visuel de l’assemblée ou aux articles dans la revue ces derniers mois : notre organisation célèbre cette année ses 40 ans. C’est tout un symbole! Symbole de sa résilience, de sa capacité à s’adapter et à se renouveler, mais surtout de sa pertinence dans la société québécoise. Cela ne s’est pas fait tout seul.

Dès les premières années, les producteurs ont été visionnaires. Ils se sont dotés d’outils collectifs pour assurer le développement des marchés et une rémunération juste. Ils se sont mobilisés pour préserver notre modèle unique : la gestion de l’offre et la mise en marché collective. Leurs actions ont permis d’offrir aux producteurs un environnement plus équitable, plus stable et plus propice à la croissance. Des outils qui nous servent encore et qui nous aident à préparer le futur.

Et de quoi sera construit ce futur? C’est à nous de le déterminer. Nous avons des structures, des piliers qui nous permettent d’influencer le chemin que prendra notre organisation. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait l’an dernier avec les consultations sur notre nouvelle planification stratégique. Un exercice démocratique important pour orienter nos travaux.

Nul besoin de vous dire que nous avons vécu beaucoup de changements et de défis depuis la dernière démarche de planification en 2015. Les ententes commerciales, la hausse des coûts de production, la crise de la Covid-19, les attentes sociétales et l’évolution des besoins du marché : tant de défis auxquels nous sommes confrontés et pour lesquels nous devons trouver des opportunités afin de mieux nous positionner pour le futur, avec une nouvelle mission et une vision pour l’organisation.

En ce qui concerne les compensations pour l’ACEUM, 2022 a marqué la fin d’un long chapitre de notre histoire. Après plusieurs années à revendiquer des compensations pour les parts de notre marché cédées dans les accords commerciaux, le gouvernement Trudeau a respecté son engagement de nous indemniser. Ces compensations constituent une occasion pour les producteurs d’ici d’investir dans l’économie locale et d’améliorer leurs entreprises pour être toujours plus durables et s’adapter aux changements.

Pour les prochaines ententes commerciales, dont celle avec le Royaume-Uni, notre position est claire : aucun accès supplémentaire au marché laitier ne doit être accordé. Le gouvernement du Canada maintient que plus aucune part de marché ne sera cédée, mais nous devons, encore une fois, demeurer vigilants jusqu’à la fin.

C’est d’ailleurs l’objectif du projet de loi C-282 qui vise à protéger la gestion de l’offre dans les futurs accords commerciaux. Il a été adopté en 2e lecture en février. Le premier ministre a affirmé publiquement que le gouvernement le soutiendrait jusqu’à la fin. Nous comptons sur l’appui de tous les partis pour que C-282 se rende en adoption finale et qu’il soit adopté par le Sénat avant la fin de la session parlementaire.

La gestion de l’offre est une politique agricole officielle du gouvernement fédéral et des provinces. Le gouvernement doit être capable de résister aux pressions internes ou internationales, ce qu’il n’a pas fait les trois dernières fois. Si les grandes batailles des quatre dernières décennies n’ont pas empêché des concessions dans le marché laitier canadien, elles auront tout de même permis de maintenir la gestion de l’offre et la mise en marché collective ainsi que l’appui du public et des parlementaires. Il s’agit là d’un atout significatif pour les défis à venir.

En plus du programme de paiements directs aux producteurs, le gouvernement fédéral a annoncé une enveloppe pour le Fonds pour l’innovation et l’investissement dans le secteur laitier, c’est un pas dans la bonne direction. Les surplus de solides non gras (SNG) sont en croissance et continueront de l’être dans les prochaines années.

L’année 2022 nous aura montré, encore une fois, la vulnérabilité face aux capacités de transformation insuffisante durant la grève d’une usine importante ou lors des jours fériés. Et la situation se répète déjà ce printemps alors qu’une autre grève fait pression sur nos capacités de transformation. Ces événements, cumulés à l’évolution des choix des consommateurs vers des produits laitiers plus riches en gras et le plafonnement de nos exportations de SNG, imposent des actions. Le travail a déjà été amorcé sur plusieurs fronts afin de générer des capacités de transformation supplémentaires : la mise en œuvre en 2023 d’un programme pour assurer la croissance au niveau national et d’outils réglementaires et fi nanciers au niveau provincial.

Nous le savons, les enjeux changent; les choix des consommateurs continueront de solliciter de l’adaptation tant à la ferme que collectivement. C’est d’ailleurs ce que nous faisons avec la mise en place d’une stratégie de développement durable. Il était nécessaire de prendre un engagement ambitieux afin de répondre aux attentes sociétales. On ne part pas de zéro. On prend soin de notre environnement et du bien-être de nos animaux. On génère des emplois et des retombées économiques sur tout le territoire. On soutient la culture par nos activités de commandites. On assure la sécurité alimentaire par notre programme de dons de lait qui célèbre d’ailleurs ses 20 ans cette année. Il y a de quoi être fiers!

Le plan de développement durable nous permettra de présenter tous les efforts qui sont déployés actuellement et ceux qui le seront prochainement à la ferme. On a toujours eu le désir de s’améliorer, de faire partie de la solution. C’est exactement ce qu’on fait avec ce plan. On se fixe des objectifs. On définit un plan et on se donne les outils pour y arriver.

Pour faire des changements, nous avons besoin de soutien financier, d’investissements en recherche, en innovation et en transfert de connaissance. Il nous faudra l’appui de l’industrie et du gouvernement pour nous donner les moyens de nos ambitions! Plusieurs démarches sont déjà entreprises, comme le projet de laboratoire vivant qui vise à tester des pratiques et des technologies pour séquestrer le carbone et atténuer les émissions de GES à la ferme et le projet de mesure du méthane dans les échantillons de lait.

Préserver nos terres pour les générations futures et assurer la vitalité de nos régions bénéficiera à toute la société. C’est pourquoi nous devons tous, individuellement, mais aussi collectivement, travailler sans cesse à accroître nos retombées positives sur l’environnement, l’économie et la société. C’est en travaillant ensemble que nous pourrons arriver à bâtir un monde durable.

2023 marque aussi l’année du nouveau Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. La mise à jour est le fruit d’un processus sérieux et rigoureux élaboré de façon transparente et collaborative avec un comité d’experts variés, sans compter les milliers de producteurs de lait qui ont participé à la période de consultation, dont une grande majorité provenant du Québec.

La façon dont la mise à jour du code a été faite, avec des échéanciers variables selon le degré de complexité des changements, donne confiance que notre voix, autant dans les consultations publiques qu’à la table du comité, a été entendue. Notre équipe déploie actuellement des efforts importants afin de s’assurer que les intervenants à la ferme connaissent les changements et peuvent accompagner les producteurs qui en auront besoin. Il ne tient qu’à nous de continuer d’être au-devant des changements et de répondre présents afin que notre production soit rentable tout en répondant aux plus hauts standards de santé, de confort et de bien-être animal.

2023 sera donc une année tournée vers l’avenir. Au fil du temps, nous avons uni nos forces dans de grandes batailles pour défendre notre modèle de mise en marché collective et notre système de gestion de l’offre. Cette expérience nous servira certainement pour mieux affronter les défis d’aujourd’hui et de demain. Car cette histoire, c’est la nôtre. Elle est source de fierté, mais également d’inspiration pour l’avenir. Soyons fiers de nos réalisations. Soyons confiants envers l’avenir.