40 années au service des producteurs laitiers du Québec

2023 sera l’occasion de souligner les 40 ans de notre organisation. Fondée en 1983 pour administrer le plan conjoint (1980) des producteurs de lait québécois, celle que l’on appelait alors notre fédération avait plusieurs défis devant elle, d’abord d’unir tous les producteurs – peu importe qu’ils soient actifs dans le lait de consommation ou dans le lait de transformation –, puis de leur donner les outils leur permettant d’atteindre leurs objectifs. Retour sur 40 ans de syndicalisme agricole et de mise en marché collective.

Que notre organisation souffle cette année ses quarante bougies, voilà tout un symbole! Symbole de sa résilience, de sa capacité à s’adapter, se renouveler et aussi de sa pertinence dans la société québécoise. Cela ne s’est pas fait tout seul, une organisation n’est pas désincarnée des membres qui la constituent. Si les PLQ révèlent des qualités lui permettant de perdurer, c’est d’abord et avant tout un témoignage de la créativité et du labeur de ceux qui ont contribué à la bâtir – les producteurs de lait d’ici.

Cet anniversaire est une occasion de souligner les bons coups et les succès de nos prédécesseurs, sans oublier les défis auxquels ils ont eu à faire face, et ceux que nous avons toujours à relever. Parce qu’au-delà du chiffre – 40 –, il y a de nombreuses cohortes de producteurs de lait qui se sont réunis autant à l’échelle locale, régionale que québécoise ou canadienne pour s’attaquer aux problèmes du jour et de l’avenir, collectivement, dans un grand souci d’équité entre les producteurs, présents et futurs.

En effet, nous avons raison de célébrer ce nouveau jalon pour notre organisation. Sur la couverture de la présente édition, vous retrouvez un logo spécialement conçu pour l’occasion, qui se veut un rappel de nos batailles et nos victoires passées, mais également une projection dans notre avenir afin que nous ayons le souci de continuer de bâtir une organisation forte, flexible et équitable pour les prochaines décennies. Tout au long de l’année, on retrouvera ce logo dans les différentes publications des Producteurs de lait du Québec.

Nous profiterons également de l’année pour souligner cet anniversaire et en partager la fierté. Notre assemblée du mois d’avril sera une occasion de le faire, tout comme chaque numéro de cette revue durant l’année qui présentera des articles rétrospectifs et thématiques sur les quatre dernières décennies.

Mais en dehors de ces éléments de célébration, que faut-il retenir des avancées de ces quarante ans? Je vous invite à prendre quelques instants afin de replonger dans vos souvenirs des dernières années ou encore d’aller à la rencontre de vétérans des luttes passées pour échanger avec eux. Comme mon père l’a fait, ils vous parleront sans doute d’une transition vers une agriculture davantage organisée autour de la production laitière et aussi du conflit « entre les deux laits ». Ce défi d’une ampleur considérable pour les producteurs de l’époque aura permis de réfléchir sérieusement à la structure et aux dynamiques de marché afin d’en arriver à une conclusion pour assurer une plus grande équité et durabilité de notre secteur. Parce que s’il peut être facile de trouver des points de désaccord, il n’en demeure pas moins que nous avons traversé cette épreuve ensemble et, maintenant, personne ne reviendrait en arrière.

Pensons aux accords commerciaux. Dès 1992, il y a 30 ans cette année, de nombreux producteurs ont manifesté contre les accords du GATT. Le retrait de « l’exception agricole » des accords de l’OMC2 avait raison d’inquiéter les producteurs à l’époque et de motiver leur mobilisation. Même si les négociations du Cycle de Doha à l’OMC sont relativement sur la glace depuis 2008, nous n’étions pas au bout de nos peines pour autant. Coup sur coup, des accords commerciaux multilatéraux se sont multipliés. Il y a eu l’accord avec l’Europe, l’AECG, puis les pays de la zone Pacifique, le PTPGP, et finalement la deuxième mouture de l’ALENA, l’ACEUM. Si nous avons eu à subir 8,4 % de perte de nos marchés, la gestion de l’offre demeure en vigueur au Québec et au Canada grâce à la mobilisation des producteurs. Nous aurions préféré que ce soit autrement, mais dans le contexte, il va sans dire que cette mobilisation a permis de limiter le pire et d’obtenir des compensations.

La célébration des quarante ans de notre organisation est donc une occasion de nous souvenir du chemin parcouru. S’il est certain que les luttes syndicales sont celles qui font couler le plus d’encre, il n’en demeure pas moins que nous avons été innovateurs et créatifs dans notre secteur en utilisant tous les moyens à notre disposition par la mise en marché collective pour améliorer les conditions des producteurs laitiers.

Depuis la mise en place de nos premières conventions de mise en marché, nous avons été visionnaires en insistant pour négocier des règles d’approvisionnement favorisant le développement de la fabrication fromagère et de yogourt, notamment par la mise en place d’une réserve de croissance. Nous nous sommes également donné des moyens de développer les marchés, entre autres par la promotion des produits laitiers. Pensons aussi à nos outils en recherche et innovation avec Novalait, en génétique avec le CIAQ , en expertise et transfert de connaissance avec Lactanet, des modèles qui font l’envie de nombreux secteurs. Nous avons fait des pas de géant dans l’harmonisation avec les provinces du reste du Canada. Nous avons mis en place le paiement du lait par composants, négocié des conventions de mise en marché et de transport du lait, trouvé des manières d’envoyer des signaux à la production selon le paiement des ratios. Nous nous sommes dotés, nous-mêmes et sans attendre une intervention du législateur ou de nos acheteurs, d’un programme d’assurance-qualité, proAction. Nous avons développé une stratégie sur les ingrédients qui nous permet de demeurer compétitifs tout en assurant un revenu acceptable aux producteurs. Ce ne sont que quelques exemples. L’ensemble de ces outils et de nos actions collectives ont permis d’offrir aux producteurs un environnement plus équitable, plus stable et plus propice à la croissance, au bénéfice de nos entreprises, de nos familles, mais aussi de l’ensemble de la population.

Les succès du passé, legs de ceux qui ont milité avant nous, peut servir à nous propulser vers nos prochains défis. Soyons reconnaissants envers ceux qui ont bâti notre mouvement et nous ont donné les outils dont nous disposons, ils nous permettent de préparer l’avenir avec confiance. Par exemple, cette année, nous aurons à travailler sur la planification stratégique qui couvrira une grande part de la prochaine décennie. L’établissement d’un plan de développement durable occupera également beaucoup les discussions à venir, mais sera assurément un outil essentiel à notre positionnement pour les prochaines années.

Au fil de ces quarante années, nous avons su demeurer pertinents. Il n’en tient alors qu’à nous de poursuivre dans cette veine et de rester toujours plus compétents, solidaires et visionnaires pour les années à venir.

Bon 40e!