Saviez-vous que les vaches sont facilement stressées?
Le problème avec le stress est la libération d’adrénaline, de cortisol et d’autres hormones. Ces hormones sont nécessaires à la réaction de combat ou de fuite en situation de survie, mais deviennent néfastes si elles sont présentes de façon constante et prolongée. Par exemple, l’efficacité du système immunitaire sera diminuée, ce qui peut entrainer une consommation réduite de matière sèche, un taux accru de mort-nés et de rétention placentaire ainsi que d’autres maladies métaboliques telles que la fièvre de lait et l’acétonémie. Sans parler d’une réduction de la production laitière totale et de la lactation, en plus d’un risque accru de boiterie, de mammite et de performances diminuées en reproduction. Il est donc primordial de tenter de réduire tous les facteurs de stress connus afin que les vaches puissent profiter de leurs 60 jours de vacances bien méritées que nous appelons la période de tarissement.
Quels sont les principaux facteurs de stress pour les vaches laitières?
De nombreux facteurs sont à l’origine du stress. Ils peuvent être physiologiques ou physiques. Le stress physiologique est une réponse interne à la peur, au changement, à de nouvelles situations ou à la parturition, par exemple. Alors que le stress physique survient lorsqu’il y a une réponse à la faim, à la soif, à la douleur causée par une maladie ou une blessure, à la contention ou à des conditions environnementales extrêmes.
Comment réduire le stress?
Les vaches ont besoin d’un environnement calme et spacieux. Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers indique qu’à compter d’avril 2029, « les bovins devront vêler dans des enclos de vêlage, des cours ou des pâturages qui leur permettent de se retourner ». Il est recommandé d’offrir une surface de repos de 160 pi2 dans les enclos de vêlage individuels et de 150 pi2 par vache pour les enclos de vêlage en groupe. N’oubliez pas que 150 pi2 par vache ne correspondent pas à la taille du box, mais à l’espace de couchage par vache. De nombreux producteurs devront modifier leurs installations afin de s’adapter à ces changements. Il existe plusieurs options. Dans cet article, nous vous présentons une construction de parc à aire ouverte avec groupes fermés, l’exemple est puisé aux Fermes Anderson en Montérégie-Ouest (voir la photo ci-dessous).
Avant toute construction, il faut calculer l’espace nécessaire pour les vaches taries du troupeau. Pour l’enclos de préparation au vêlage ou de maternité, il faut prévoir la variation normale des vêlages par mois. Par exemple, s’il y a 108 vêlages par an dans un troupeau, cela équivaut à 9 vêlages par mois en moyenne, il faut donc un espace de litière d’au moins 1 350 pi2 pour la zone de maternité (150 pi2/vache). C’est le minimum! Il faut aussi tenir compte de la croissance du troupeau et planifier la nouvelle construction en fonction de son emplacement dans 10 ou même 15 ans. Une enquête1 non aléatoire récemment publiée sur les troupeaux laitiers canadiens a révélé que dans 44 % des troupeaux, un espace de litière adéquat était fourni. Il est possible de réduire le stress et d’améliorer considérablement la santé et la productivité des vaches en leur fournissant un espace adéquat.
Il est essentiel de commencer en ayant suffisamment d’espace. Ensuite, il faut garder les vaches aussi calmes que possible. Pour ce faire, les deux stratégies efficaces sont soit de créer des groupes au début de la période de tarissement qui vont rester stables tout au long de la période de tarissement, soit d’ajouter de nouvelles vaches seulement sur une base hebdomadaire. Chaque fois qu’un nouveau groupe de vaches est formé (c’est-à-dire quelques nouvelles vaches/taures ajoutées à l’enclos de maternité), il est fréquent que les vaches se confrontent pendant 24 à 36 heures jusqu’à ce qu’un nouvel ordre social soit établi. Les déplacements hebdomadaires entrainent une instabilité de l’enclos pendant 1,5 jour par semaine, ce qui n’est pas parfait, mais bien mieux que si nous ajoutions de nouvelles vaches 3 fois par semaine, causant ainsi une déstabilisation des vaches pendant 4,5 jours par semaine.
Des fermes ont récemment construit une nouvelle installation pour les vaches taries qui répond à tous les critères énumérés ci-dessus. Ces producteurs se sont également assurés d’ajouter des ventilateurs pour refroidir les vaches et des brosses pour permettre l’autotoilettage. De plus, il est important que les vaches taries soient logées dans la partie tranquille de l’étable, donc pas à proximité de la salle de traite ou de la zone de parage des pieds. Un coin vêlage peut aussi être intégré aux parcs de vêlage. Les vaches préfèrent d’ailleurs être isolées au moment du vêlage (voir photos). Aux Fermes Anderson, qui comptent 100 vaches en lactation, un coin vêlage a été créé et, selon les producteurs, il vaut son pesant d’or ou… de lait. C’est une stalle dans une stalle ou un espace semi-isolé où la vache peut se séparer du groupe pour vêler. Les producteurs ont apporté tous les changements mentionnés ci-dessus (augmentation de l’espace et création de groupes stables fermés) à leur logement pour vaches taries. Ils ont vu leur taux de maladie métabolique chuter considérablement. En utilisant l’Indice de transitionMC, leur indice est passé de – 315 à + 440 (50e centile = 239) au cours de l’année, et ils continuent de s’améliorer.
Les photos ci-dessous montrent un parc de 2 stalles en gros plan. On compte quatre enclos. Deux pour le début de tarissement et deux pour la préparation au vêlage. Les vaches forment un groupe stable au début du tarissement et se déplacent ensemble à l’approche du vêlage. Pour 5 vaches, on compte 250 pi2/vache. Mais lorsqu’il y a plus de vêlages à l’automne, les producteurs peuvent facilement placer 8 vaches par enclos (150 pi2/vache) sans compromettre l’espace ou la santé des animaux.
Le stress physique de la faim peut être traité par un accès facile à une mangeoire contenant beaucoup d’aliments et fournissant au moins 30 pouces d’espace de mangeoire pour chaque vache. Pour éviter la soif, deux sources d’eau par enclos, qui totalisent au moins 4 pouces linéaires d’espace d’abreuvoir par vache, sont adéquates. L’enquête citée précédemment a montré que dans 93 % des troupeaux, il y avait un accès adéquat à l’alimentation, mais que dans seulement 30 %, l’accès à l’eau était adéquat.
Traiter le stress thermique des vaches taries est très bénéfique pour la santé des vaches fraîches vêlées, leur production laitière, la santé des veaux et la future production de lait des génisses à naître. L’étable de transition doit compter des ventilateurs en nombre suffisant et situés aux bons endroits.
Des considérations minutieuses dans la conception des étables à vaches taries amélioreront la santé globale et le bien-être du troupeau. Alors, chouchoutez vos vaches taries, cela rapportera des bénéfices!
1 Couto Serrenho, Rita, Church, Chris, McGee, Darren, Duffield, Todd F. (2023). Association of herd hyperketolactia prevalence with transition management practices and herd productivity on Canadian dairy farms – A retrospective cross-sectional study, Journal of Dairy Science, vol. 106, no 4. https://doi. org/10.3168/jds.2022-22377