Vincent Rainville s’implique dans sa communauté et dans le milieu agricole depuis longtemps. « Ça fait partie de moi », lance-t-il. Vincent a notamment siégé au conseil d’administration du Club Holstein de Rouville de 1999 à 2004 et sur celui de la Caisse Desjardins de Marieville de 2003 à 2007. Il a commencé à s’impliquer dans le syndicat des Producteurs de lait de la Montérégie-Est en 2014, comme administrateur, puis comme 2e vice-président en 2020. « Je voulais élargir mon réseau de contacts et être au courant de ce qui se passe, explique-t-il. Comme producteur, on est tout le temps à la ferme, c’est une bonne chose de sortir. »
Vincent le dit d’emblée, il n’avait pas l’ambition de devenir président de son syndicat régional. Quand l’occasion s’est présentée, il s’est tout de même porté volontaire. « Je l’ai fait par souci de responsabilités, pour être au cœur des décisions et me tenir informé des dossiers », résume-t-il. Le nouvel administrateur des PLQ lance d’ailleurs l’invitation à tous les producteurs de prendre leur place et de faire partie des instances de leur organisation : « C’est important de s’impliquer, pour être maîtres de notre destin. Le but, ce n’est pas de briller ou de se mettre en avant, mais de prendre part aux décisions. »
Le besoin de toujours s’adapter
Une de ses priorités en tant que nouveau membre du conseil d’administration des Producteurs de lait du Québec est de s’assurer que la réglementation encadrant la production continue de s’adapter aux besoins des producteurs qui évoluent constamment. « Beaucoup de règles encadrent notre production. Il faut quand même s’assurer d’offrir la flexibilité nécessaire, notamment dans le quota », dit-il. Le producteur de Marieville explique que dans sa région, comme dans les autres secteurs près des grands centres, les producteurs ont des défis différents : « On a souvent plus d’opportunités, et la souplesse dans le système serait bénéfique. »
La mise à jour du programme d’aide au démarrage des entreprises laitières est également un autre sujet qui l’interpelle grandement. « On vit en ce moment des changements économiques majeurs avec l’inflation et les effets de l’après-Covid, précise Vincent. C’est important de moduler le système d’aide au démarrage pour qu’il réponde aux besoins réels et actuels des producteurs. »
Il poursuit : « La relève, c’est important pour moi, parce que j’en ai moi-même une. » Deux de ses enfants, Gabrielle et Ulysse, sont intéressés à reprendre un jour la Ferme J. G. L. Rainville inc. qu’il possède avec sa conjointe, Josianne Lamarre. « Gabrielle a 20 ans, dit-il, et elle va terminer sa technique en gestion d’exploitation agricole dans un an. Elle pourrait s’occuper de la gestion du troupeau à temps plein par la suite. Notre fils Ulysse est encore jeune, il a 15 ans, mais il est intéressé lui aussi par l’entreprise. » Le couple a deux autres filles, Eugénie et Laurence, âgées de 19 et 18 ans.
« C’est important de s’impliquer, pour être maîtres de notre destin. Le but, ce n’est pas de briller ou de se mettre en avant, mais de prendre part aux décisions. »
— Vincent Rainville
La relève, au centre du développement de l’entreprise
Vincent représente la troisième génération dans l’entreprise. En 1999, il a acquis 20 % de la ferme, puis l’entièreté en 2012 avec sa conjointe. Le désir de transmettre un jour leur ferme à leurs enfants a orienté beaucoup de décisions des actionnaires ces dernières années. « Le développement de la ferme, la gestion de l’expansion et l’élaboration d’une vision pour le futur, c’est quelque chose qui me stimule énormément », nous confie le nouvel administrateur. Au fil des ans, l’entreprise est passée de 50 à 165 kg de quota et de 90 à 250 acres de terre. Le troupeau est également passé de 65 à 130 vaches en lactation.
En 2014, les deux associés ont décidé de moderniser leurs installations pour passer à la stabulation libre avec salle de traite. « J’ai eu cette idée dans la tête assez rapidement quand on a repris l’entreprise. J’ai toujours pensé qu’il fallait qu’on aille là si on voulait que nos filles aiment le travail à la ferme. Je trouve que c’est plus facile de travailler en stabulation libre », affirme Vincent. Le couple a adapté l’ancienne étable pour y accueillir la relève du troupeau et a construit un nouveau bâtiment pour les vaches en lactation. Vincent et Josianne ont opté pour une étable froide dotée d’un toit en dôme. « Il faut être imaginatif! », déclare le producteur. Ce choix s’est imposé pour des raisons économiques et pratiques. « Je ne voulais pas que ça nous coûte des millions. L’avantage, c’est que les panneaux se montent et se démontent facilement. On peut donc adapter le bâtiment au fur et à mesure que le troupeau grossit », explique-t-il, en rappelant qu’au départ la ferme ne comptait que 65 vaches en lactation.
Trois traites par jour
Vincent est aussi l’un des rares producteurs de lait à effectuer trois traites par jour. « Ça fait 5 ans qu’on est à trois traites, mais ça faisait longtemps que je voulais l’essayer », dit-il. Son conseil pour ceux qui voudraient passer à trois traites : « Ne le faites pas pour l’argent, faites-le pour gagner du temps et pour votre santé mentale. Personnellement, je calcule que les trois traites par jour me permettent de payer un employé pour faire deux traites. Mais j’ai le nombre de vaches pour le faire, avec un plus petit troupeau, ce ne serait pas rentable. »
Vincent fait la traite du matin et, depuis peu, un travailleur étranger temporaire fait la traite du midi et du soir. Un autre avantage selon lui à faire trois traites, « c’est qu’il y a presque toujours quelqu’un dans l’étable pour observer les animaux et voir rapidement un problème ». Qu’en est-il de la santé des vaches? « Si on parle de la santé du pis, dit-il, oui, ça fait une grosse différence! Surtout, pour les taures premier veau, ça aide vraiment beaucoup. »
Vincent peut aussi compter sur l’aide de son frère quelques jours par semaine et de Robin, à temps plein, pour les travaux de la ferme. « Robin fait un retour à la ferme pour sa préretraite. Il a travaillé 25 ans chez nous avant de partir travailler 25 autres années ailleurs », dit Vincent. C’est que Robin a commencé à donner un coup de main à la ferme quand il avait 8 ans! Il poursuit : « C’est vraiment un deuxième père pour moi. Il connait tout, j’ai rien eu besoin de lui expliquer. C’est vraiment grâce à lui que je peux m’impliquer aux Producteurs de lait. J’ai une confiance infinie en lui. »
Vincent a-t-il des projets pour le futur? Accueillir la relève, bien sûr! Et prendre de l’expansion, comme en témoigne le nouveau bâtiment qui vient d’être construit à côté de la ferme. : « Je me prépare pour d’autres opportunités. Je préfère avoir un bâtiment prêt au cas où qu’attendre que mon bâtiment actuel soit plein avant d’agir. J’ai toujours un plan B et je planifie beaucoup, c’est mon père qui m’a appris ça. »