Visites vétérinaires à la ferme: Comment se déroulent-elles et est-il possible de les optimiser?

Une étude montre qu’il serait possible de maximiser les visites vétérinaires à la ferme sans en prolonger la durée.

La prévention des maladies et l’optimisation de la production sont d’une importance capitale pour assurer le succès des fermes laitières. Or la disponibilité grandissante de données sur les troupeaux, souvent obtenues grâce à des technologies de pointe, permet maintenant de prendre des décisions de gestion plus éclairées. Les médecins vétérinaires sont souvent ceux qui utilisent ces données lors de leurs visites régulières visant l’amélioration de la santé et de la production du troupeau. D’ailleurs, les visites de gestion de la santé du troupeau représentent une occasion pour les médecins vétérinaires et les producteurs de discuter et de passer d’une approche réactive, axée sur le traitement des animaux malades, à une approche proactive visant à optimiser la santé et le bien-être par la prévention des maladies. En effet, une étude récente menée en Allemagne a montré que les fermes qui planifiaient des visites régulières de gestion de la santé du troupeau produisaient 660 kg de lait de plus par lactation et que leurs génisses vêlaient un mois plus tôt.

Ces résultats suggèrent donc qu’il est économiquement avantageux de planifier régulièrement ces conversations et visites axées sur la santé du troupeau. Au Canada, des visites de gestion de la santé du troupeau avec un médecin vétérinaire sont prévues 1 ou 2 fois par mois dans la plupart des fermes laitières. Or malgré la fréquence de ces visites, on en sait peu sur leur structure ou sur la façon de les optimiser. C’est pourquoi le Dr Herman Barkema et la Dre Caroline Ritter ont mené une étude pour évaluer
les visites de gestion de la santé du troupeau dans des fermes laitières de l’Alberta et de l’Ontario. Plus précisément, ils ont réalisé des enregistrements vidéo et audio de 70 de ces visites afin de mieux les comprendre.

Comment se déroulaient généralement les visites vétérinaires?

Chaque visite durait en moyenne 85 minutes et était divisée en discussions sur les sujets suivants :

  • Diagnostics de grossesse et de fertilité par examen transrectal
    • 43 minutes, soit 51 % du temps de la visite moyenne
    • Activité observée dans 100 % des visites
  • Préparation en vue d’effectuer des tâches, transitions entre les tâches (nettoyage de l’équipement ou déplacement entre les étables) et départ
    • 26 minutes, soit 30 % du temps de la visite moyenne
    • Activité observée dans 100 % des visites
  • Examen ou traitement individuel d’un animal
    • 6 minutes, soit 7 % du temps de la visite moyenne
    • Activité observée dans 51 % des visites
  • Procédure de groupe, telle que l’écornage ou la vaccination
    • 2 minutes, soit 2 % du temps de la visite moyenne
    • Activité observée dans 20 % des visites
  • Examen du rendement du troupeau
    • 8 minutes, soit 9 % du temps de la visite moyenne
    • Activité observée dans 51 % des visites

Sur quoi portaient les discussions durant les visites?

Lors des visites de gestion de la santé du troupeau, les médecins vétérinaires et les producteurs tenaient en moyenne 5 discussions par heure sur des sujets liés à la production laitière, et chaque discussion durait environ 2 minutes. Les discussions portaient sur les problèmes du troupeau (52 %), des animaux individuels (33 %) et des sujets généraux, tels que l’industrie laitière ou la gestion des affaires (15 %). Les médecins vétérinaires ont entamé des discussions avec les producteurs sur la santé du troupeau et sur des animaux individuels dans 62 % et 22 % des cas, respectivement. Par ailleurs, les producteurs ont lancé 39 % des discussions avec leur médecin vétérinaire sur la santé du troupeau et 48 % des discussions sur des animaux individuels.

Objectifs des producteurs lors des visites axées sur la santé du troupeau

Les études montrent que les producteurs sont plus susceptibles de suivre des conseils associés à des objectifs. Il est donc essentiel de connaître les objectifs des producteurs lors des visites de santé du troupeau. Cependant, dans certains cas, il est possible que les médecins vétérinaires ne parviennent pas à identifier ces objectifs. Dans l’étude menée en Alberta et en Ontario, les principaux objectifs des producteurs lors de ces visites concernaient ce qui suit :

  • Fertilité et reproduction (74 % des producteurs), notamment les diagnostics de grossesse et de fertilité par examen transrectal
  • Santé du troupeau et bien-être animal en général (28 % des producteurs)
  • Transmission d’informations ou réponse à des questions (21 % des producteurs)
  • Identification de problèmes et discussions connexes (21 % des producteurs)

La plupart des producteurs (55 %) étaient d’avis que les visites axées surla sa nté du troupeau et la production étaient totalement adaptées à leurs objectifs, tandis que 42 % croyaient qu’elles étaient principalement adaptées et que 3 % pensaient qu’elles étaient parfois ou rarement adaptées à leurs objectifs.

Optimiser les visites de gestion de la santé du troupeau

Dans cette étude, la majeure partie de la visite moyenne de santé du troupeau consistait à effectuer des palpations rectales, une tâche technique. Ces résultats suggèrent qu’il serait possible pour les médecins vétérinaires de parler davantage de la performance du troupeau, afin de véritablement utiliser ces visites pour optimiser la santé, le bien-être et la production en misant sur l’analyse des données et l’observation des vaches dans leur environnement. Cela permettrait de prendre des décisions plus éclairées et plus opportunes pour ajuster et améliorer la gestion du troupeau au fil du temps. Ainsi, les médecins vétérinaires et les producteurs devraient être encouragés à tenir ces discussions plus souvent.

Bien que la plupart des producteurs croyaient que leur visite de gestion de la santé du troupeau était adaptée à leur ferme, il est intéressant de noterque 68 % des producteurs ayant participé à l’étude n’ont pas toujours exprimé leurs souhaits ou préoccupations à leur médecin vétérinaire. Ces données suggèrent qu’il serait possible d’améliorer les communications des médecins vétérinaires pour veiller à ce qu’ils discutent plus souvent des objectifs des producteurs et du soutien dont ces derniers ont besoin pour les atteindre. Pour ce faire, tant les producteurs que les médecins vétérinaires devront possiblement prendre la responsabilité d’ouvrir la discussion sur ces objectifs afin que les conseils et renseignements offerts pendant la visite soient mieux adaptés à la situation particulière de chaque ferme. Enfin, les discussions sur l’élevage étaient relativement brèves et peu fréquentes lors des visites à la ferme. Il serait donc possible de discuter davantage pendant les étapes de préparation, de transition et de départ.

Cela donnerait l’occasion aux médecins vétérinaires de se concentrer sur les producteurs dans les moments où ils n’effectuent pas de tâches cliniques. Cette approche permettrait également aux producteurs et aux médecins vétérinaires de poser des questions et d’obtenir de l’information, sans prolonger les visites – ce qui serait avantageux pour les producteurs s’ils paient ces services à un taux horaire.

En résumé

La structure des visites de gestion de la santé du troupeau variait dans cette étude. Toutefois, la majeure partie des visites était axée sur la fertilité, notamment les palpations transrectales.Il serait possible de parler davantage de la santé du troupeau, particulièrement dans les moments consacrés à la préparation des tâches ou au passage d’une étable à l’autre, et ce, sans prolonger la visite.