Une meilleure santé des veaux grâce à la sélection génétique

Des chercheurs étudient la sélection génétique commemécanisme potentiel de réduction des maladies chezles veaux laitiers.

Les maladies ont un impact sur la santé globale et le bien-être desveaux l aitiers, mais aussi sur leur production, leur santé et leur longévité à l’âge adulte. Les veaux ayant été atteints de maladies respiratoires et/ ou de diarrhées, par exemple, sont plus susceptibles :

  • D’entraîner des coûts d’élevage plus élevés
  • D’avoir un gain moyen quotidien moins important
  • De présenter un risque accru de
    mortalité
  • D’être plus âgés au premier vêlage
  • De produire moins lors de la première lactation

Face aux préoccupations croissantes concernant le recours et la résistance aux antimicrobiens, des chercheurs continuent d’explorer de nouveaux moyens de prévenir et de traiter les maladies. À cet égard, la sélection génétique suscite de plus en plus d’intérêt, car elle permet d’améliorer la santé, le bien-être et la production des animaux. De plus, le recours à la sélection génétique pour améliorer la résistance aux maladies réduit la dépendance aux antimicrobiens et la nécessité de les utiliser pour traiter et prévenir les maladies. Si des évaluations génétiques nationales ont été réalisées au Canada à propos de maladies comme la mammite, les lésions aux onglons, les troubles de fertilité et les maladies métaboliques, peu d’accent a été mis sur les maladies des veaux.

Des chercheurs de l’Université de Guelph souhaitaient estimer les paramètres génétiques des caractères liés aux maladies des veaux et mieux comprendre leur impact actuelen ana lysant le taux d’incidence de maladies respiratoires (RESP) chez les veaux de moins de 180 jours et de diarrhées (DIAR) chez ceux de moins de 60 jours. Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé les données sur les maladies des veaux consignées par les producteurs laitiers à l’aide de leur logiciel de gestion de troupeau et de contrôle laitier. Ces données incluaient près de 70 000 registres de maladies de veaux holsteins pour les RESP et les DIAR. Elles provenaient de plus de 62 000 veaux et avaient été recueillies dans 1 600 troupeaux laitiers canadiens entre 2006 et 2021. Parmi ces registres, environ 49 000 (71 %) concernaient des RESP  et 20 000 (29 %), des DIAR.

Les résultats de l’estimation de l’héritabilité associée aux RESP et aux DIAR ont montré des plages allant de 0,02 à 0,07 et de 0,03 à 0,07, respectivement. L’héritabilité désigne l’ampleur de la variation au sein d’une populationqui peut êtr  attribuée à des différences génétiques. Elle se mesure sur une échelle de 0 à 1, où une valeur d’héritabilité de 1 signifie que 100 % de la variation observée est due à la génétique. Bien que l’héritabilité des caractères associés aux RESP et aux DIAR soit faible, les résultats mettent en lumière le potentiel de la sélection génétique. Une corrélation génétique positive entre les RESP et les DIAR a également été observée. La corrélation entre ces deux maladies est logique, car les veaux laitiers ayant eu une maladie présentent plus de risques d’en développer une autre plus tard au cours de leur vie. En ce qui a trait à l’âge d’apparition de la maladie, les veaux ayant eu les deux maladies ont eu des DIAR en premier dans 81 %des c as, ce qui signifie que les DIAR pourraient être un précurseur potentiel des RESP. Par ailleurs, il a été démontré que les DIAR, tout particulièrement, provoquent la déshydratation, l’anorexie et une diminution de la fonction immunitaire, des facteurs de risque de RESP. Ce lien est d’ailleurs corroboré par des études antérieures, qui ont montré que la diarrhée des veaux est associée au développement de maladies respiratoires1.

L’étude a également examiné l’impact du taureau reproducteur sur ledévelop pement des maladies chez les veaux en début de vie. Les taureaux reproducteurs ont été comparés et classés sur la base de leur valeur d’élevage estimée, c’est-à-dire leur mérite génétique. En moyenne, les veaux nés de taureaux classés parmi les 10 % inférieurs (ceux dont les valeurs d’élevage estimées pour les RESP ou les DIAR sont les plus faibles) étaient 1,5 fois plus susceptibles de développer des RESP (ou des DIAR) par rapport à ceux nés de taureaux classés parmi les 10 % supérieurs. Bien que les RESP et les DIAR soient toutes deux associées à une faible héritabilité, les résultats montrent qu’il demeure possible d’identifier efficacement les taureaux reproducteurs ayant engendré des filles en meilleure santé. Par conséquent, l’inclusion de ces deux caractères dans les indices de sélection nationaux canadiens pourrait contribuer à améliorer la santé globale des veaux nés dans lesfer mes canadiennes.

Un autre résultat important de cette recherche est que les données sur les maladies des veaux ne sont pas adéquatement consignées. En effet, les résultats de cette étude ont montré que 4,5 % et 2,7 % des producteurs qui ont inscrit leur troupeau au contrôlelaitier ont recueilli de l’information sur les RESP et les DIAR, respectivement.Cela  signifie que la grande majorité des producteurs ne recueillaient pas ou ne téléchargeaient pas ces informations dans leur logiciel de gestion de troupeau. Il est toutefois important de noter qu’il n’existe pas d’approche normalisée pour consigner les maladies des veaux au Canada. De plus,les données consignées obtenues pour cette étude ont montré une variabilité entre les producteurs en ce qui a trait aux signes utilisés pour diagnostiquer une maladie chez les veaux. Cela signifie que d’un endroit à l’autre au Canada, les producteurs n’utilisaient pas les mêmes définitions et paramètres pour diagnostiquer les maladies respiratoires et les diarrhées dans cas de maladies puissent passer inaperçus ou être mal diagnostiqués, ce qui influence l’exactitude des données disponibles.

En veillant à ce que les pratiques de consignation soient uniformes et précises, il deviendra possible d’utiliser la sélection génétique pour améliorer la santé des veaux. Il s’agit là d’une occasion importante pour l’industrie. Plus particulièrement, les résultats de cette étude ont  permis de cibler des lacunes dans la collecte des données qui devraient être corrigées afin qu’une stratégie nationale de sélection des veaux basée sur les caractères liés à la santé puisse être mise en oeuvre efficacement. Ainsi, bien qu’il s’avère possible d’effectuer une sélection génétique en se basant sur les caractères liés à la santé et aux maladies chez les veaux, une bonne consignation des données sera la clé pour établir un plan efficace permettant d’améliorer cette sélection.

1 Schinwald, M., Creutzinger, K., Keunen, A, Winder, C. B., Haley, D., et Renaud D. L. (2022). Predictors of diarrhea, mortality, and weight gain in male dairy calves. J. Dairy Sci., 105 : 5296-5309. https://doi.org/10.3168/jds.2021-21667