Tour d’horizon de l’Efficience du méthane

En avril dernier, Lactanet a publié les premières évaluations génétiques officielles de l’Efficience du méthane dans la race holstein. Grâce à cette initiative menée en collaboration avec Alliance Semex, le Canada est devenu le premier pays à offrir des évaluations visant à réduire les émissions de méthane chez les bovins laitiers.

Le méthane (CH4) est un puissant gaz à effet de serre (GES) qui réchauffe l’atmosphère à un taux 25 à 27 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone. La vache holstein moyenne produit près de 500 g de CH4 par jour, 180 kg par année, principalement en raison de la fermentation entérique, c’est-à-dire l’éructation. Une différence de 30 % au-dessus ou en dessous de la moyenne peut aussi être observée d’une vache à l’autre, signifiant que les émissions de CH4 de deux vaches dans le même troupeau peuvent varier de 110 kg par année. Les émissions de méthane peuvent aussi représenter une perte de 4 à 7 % de l’apport énergétique brut de l’animal (1). Les différences dans les émissions d’un animal à l’autre et la perte d’apport énergétique font ressortir la possibilité de réduire les émissions de méthane en utilisant la sélection génétique.

Les données

La collecte de données sur le CH4 a été rendue possible dans le cadre de deux projets intitulés Efficient Dairy Genome Project (EDGP) et Resilient Dairy Genome Project (RDGP) décrits sur le site resilientdairy.ca. Ces projets de recherche comprenaient aussi la collecte de données spectrales à infrarouge (MIR) à partir d’échantillons de lait de chaque vache, incluant des données sur le CH4. Des chercheurs de l’Université de Guelph ont eu recours à l’intelligence artificielle et à l’apprentissage automatique pour déterminer que les données MIR du lait d’une vache peuvent être utilisées comme un bon prédicteur de ses émissions de CH4. Grâce à ce résultat déterminant, Lactanet a pu reproduire cette recherche au moyen de plusieurs étapes de traitement de données et développer des prédictions du CH4 en utilisant des données spectrales du lait et des données sur le CH4 collectées dans des troupeaux de recherche au Canada. Les données résultantes utilisées pour les évaluations génétiques de l’Efficience du méthane sont le CH4 prédit par les données MIR du lait chez des vaches holsteins en première lactation ayant une production variant de 120 à 185 jours. Cela inclut des relevés de plus de 700 000 vaches de troupeaux inscrits au contrôle laitier dans l’ensemble du Canada.

Évaluation génétique de l’Efficience du méthane

Comme les évaluations génétiques de l’Efficience alimentaire et de la Santé des onglons, les évaluations de l’Efficience du méthane sont calculées au moyen d’une méthodologie en une seule étape qui utilise toutes les données liées à la généalogie, à la performance et au génotype. Les évaluations canadiennes de l’Efficience du méthane sont axées sur la sélection en vue de la réduction du CH4 sans incidence sur la production. Par conséquent, l’Efficience du méthane peut être définie comme une production de méthane génétiquement indépendante des rendements en lait, en gras et en protéine. L’Efficience du méthane a une fiabilité moyenne supérieure à 70 % chez les jeunes taureaux et les génisses génotypées.

Interprétation et accès

L’Efficience du méthane est un caractère fonctionnel exprimé sous forme de Valeur d’élevage relative (VÉR) avec une moyenne de 100 et un écart général de 85 à 115. Dans le groupe de plus de 2000 taureaux ayant fait l’objet d’une évaluation officielle de l’Efficience du méthane, approximativement 74 % des VÉR se situeront entre 95 et 105. Plus la VÉR d’un taureau est élevée, moins ses filles devraient produire de CH4; ainsi, pour chaque hausse de 5 points dans la VÉR d’un taureau pour l’Efficience du méthane, ses filles devraient produire environ 3 kilogrammes de CH4 en moins par année. Cela équivaut à une réduction des émissions de CH4 de 1,5 % par vache par année, et il est possible que la réduction atteigne un taux de 20 % à 30 % d’ici 2050.

Le modèle d’accès aux évaluations de l’Efficience du méthane pour les génisses et les vaches de troupeaux canadiens imitera la stratégie actuelle utilisée pour l’Efficience alimentaire. Toutefois, l’Efficience alimentaire et l’Efficience du méthane seront regroupées en tant que caractères de durabilité. Depuis la publication des évaluations génétiques en avril 2023, les VÉR de l’Efficience du méthane sont automatiquement publiées pour toutes les femelles holsteins liées à l’inventaire d’un troupeau inscrit au contrôle laitier. Les évaluations officielles de l’Efficience du méthane des taureaux éprouvés basées sur leurs filles soumises au contrôle laitier au Canada avec des données MIR sont aussi automatiquement publiées. Les évaluations de l’Efficience du méthane de tous les autres mâles et femelles doivent être achetées.

Corrélations avec d’autres caractères

L’Efficience du méthane n’a pas de corrélation indésirable significative avec d’autres caractères, y compris l’IPV et Pro$, ainsi qu’avec les caractères de production. Cela est prévu, car l’Efficience du méthane est conçue pour être génétiquement indépendante des rendements en lait, en gras et en protéine. Il existe une légère relation positive entre le composant de Santé et fertilité de l’IPV et la Résistance aux maladies métaboliques.

(1) Benchaar, C. (24 janvier 2023). Stratégies nutritionnelles visant à atténuer les émissions de méthane entérique chez les vaches laitières : état des connaissances et nouvelles perspectives. Présentation au deuxième symposium virtuel du Centre de recherche et de développement de Sherbrooke, Agriculture et Agroalimentaire Canada.