Changements dans le paiement du lait : impacts et solutions

Les changements annoncés dans le paiement du lait envoient un signal clair : la production de gras sera de plus en plus récompensée. Ces changements ne sont pas vraiment surprenants, les tendances du marché étaient déjà bien connues.

La production de gras a déjà un certain attrait

Déjà, avec les paramètres actuels, une augmentation du taux de gras est payante selon nos calculs. Et ce même si la réduction du ratio SNG/G se traduit par une légère baisse de revenu par kilo de matière grasse livré. La clé est que l’augmentation du taux de gras permet de remplir son quota avec moins de vaches, ce qui réduit les dépenses d’alimentation, de main-d’oeuvre et d’élevage. Et pour ceux qui ne remplissent pas leur quota, l’augmentation du taux de gras permet d’accroitre les revenus avec le même nombre de vaches. Le tableau 1 rapporte les résultats de nos calculs qui ont été effectués à partir d’une ferme ayant un quota de 100 kilos/jour et une production de 10 110 kg de lait par vache. Nos simulations font graduellement augmenter le taux de gras pour faire passer le ratio SNG/G de 2,25 à 2,10. Un changement important qui ne se réalise pas du jour au lendemain, mais qui nous permet de mettre en perspective les impacts économiques d’un changement graduel. À noter que le modèle prend en compte les changements dans les besoins alimentaires des vaches.

Avec les paramètres actuels, on note une baisse graduelle des revenus par kilo de gras livré. La marge sur concentrés et la marge alimentaire tendent aussi à baisser avec le ratio SNG/G. À partir de là, certains seraient tentés de conclure que le ratio optimal est de 2,25. Mais les avantages économiques d’une réduction du ratio SNG/G deviennent évidents lorsque la réduction des coûts pour la main-d’oeuvre, le vétérinaire, la reproduction et l’élevage sont pris en compte. Ces réductions de coûts sont dues au fait qu’il faut moins de vaches pour le même nombre de kilos de gras livrés à mesure que le taux de gras augmente et que le ratio SNG/G baisse. Au final, la baisse du ratio SNG/G génère des gains pouvant aller jusqu’à 0,53 $/kg de MG.

Des incitatifs plus marqués avec les nouveaux paramètres

Avec les nouveaux paramètres, les incitatifs sont beaucoup plus clairs. Le tableau 2 nous montre les résultats pour les mêmes augmentations de taux de gras et pour le même troupeau que pour le tableau 1, mais cette fois avec les nouveaux paramètres de paiement du lait.

On peut noter quelques changements. Notamment, entre les ratios 2,25 à 2,20, les revenus augmentent avec les nouveaux paramètres : le ratio  de niveau 2 est maintenant de 2,2. Cela étant dit, lorsque l’on réduit le ratio SNG/G sous le seuil de 2,2, les revenus par kg de MG ne baissent que très peu avec les nouveaux paramètres.

En conséquence, et contrairement à la situation liée aux paramètres actuels, la marge sur concentrés et la marge alimentaire augmentent au fur et mesure que le ratio SNG/G baisse. Donc, même si on s’arrête à ces indicateurs, les incitatifs pour graduellement augmenter le taux de gras et réduire le ratio SNG/G sont clairs. Pour finir, la marge avant coûts fixes augmente de 0,91 $/kg de MG, comparativement à une augmentation de 0,53 $/kg de MG avec les paramètres actuels. Les incitatifs à la ferme pour réduire le ratio SNG/G sont donc renforcés substantiellement.

Comment y arriver?

Oui, les courts délais et la saisonnalité de la production représenteront un défi pour certains. Mais il existe des solutions!

1. L’importance de la qualité des fourrages et la gestion de la mangeoire

Des fourrages de meilleure qualité (ensilages d’herbe à 30% ADF et bien conservés) nous permettent non seulement de produire plus de lait, mais aussi plus de gras. Des fourrages récoltés jeunes, hachés correctement, et une bonne gestion de la mangeoire augmentent la consommation de fourrages. Nous connaissons les cibles selon la race, et ça dépasse 12 kg, même pour la jersey! Une ration plus riche en fourrages mène à une production plus importante d’acétate dans le rumen, un acide gras volatil précurseur pour la production de gras par la glande mammaire. Comme nous l’indique d’ailleurs l’outil PROFILab. La réponse des vaches à un changement de ration quant au taux de matière grasse ne prend que quelques jours. On est souvent surpris par l’amplitude de la réponse.

2. La ventilation et le refroidissement des vaches

On le sait, les mois d’été sont souvent associés à des pertes de production de lait et de gras. Une façon de réduire l’impact du stress de chaleur sur la production est la ventilation et le refroidissement des vaches. Entre autres, on sait que le stress thermique débute à une température aussi basse que 19 degrés Celsius et à un taux d’humidité de 85 %, ce qui s’avère assez fréquent en été au Québec. S’assurer de fournir un vent de 300 à 400 pi/min (1,5 à 2,0 m/sec) sur les vaches permet de maintenir le lait corrigé plus constant.

3. La génétique et la sélection des vaches

Bien sûr, l’une des solutions les plus intéressantes est l’amélioration génétique. Avec le progrès réalisé dans les outils de sélection, notamment la génomique, il est possible de changer le potentiel de production de gras de son troupeau substantiellement (p. ex. + 0,25 kg MG/hl) en une seule génération. Mais il faut prendre les décisions maintenant pour avoir des résultats dans quelques années. Tant mieux si vous avez déjà commencé! On peut aussi inclure la production de gras et le potentiel génétique de nos vaches dans nos décisions de réforme. L’impact sur le ratio SNG/G est moindre, on parle d’une réduction du ratio SNG/G allant de – 0,01 à – 0,05 selon la variabilité de la production de gras dans un troupeau. Mais cette solution peut avoir des effets à moyen terme, soit dans les 12 à 24 prochains mois.

S’adapter à une tendance à long terme

L’évolution du ratio de marché nous indique que la production de gras sera valorisée pour les années à venir. Il faut donc commencer maintenant si vous voulez trouver les opportunités et les façons de faire les plus intéressantes pour votre troupeau. Si vous voulez en savoir plus sur chacune des solutions proposées ici et même plus, Lactanet offre présentement cet atelier de formation virtuel : Un test de gras plus rentable : c’est possible? Inscrivez-vous dès maintenant!