Importance des minéraux traces
L’équipe de recherche a demandé aux conseillers de classer l’importance de certains nutriments lors de la formulation de rations pour optimiser la santé et la productivité des vaches (voir la figure 1). Il est intéressant de constater que la grande majorité des conseillers considèrent tous les nutriments majeurs (protéine, fibre, énergie et macro-minéraux) comme étant importants. Cependant, en ce qui concerne les minéraux traces (chrome, cobalt, cuivre, fer, manganèse, molybdène, sélénium et zinc), il n’y a pas de consensus clair. Cela met en évidence que la majorité des conseillers perçoivent les nutriments apportés en plus grandes quantités dans l’alimentation d’une vache, tels les nutriments majeurs, comme plus importants et liés à la santé et à la productivité des vaches. De plus, les conséquences d’un changement en minéraux traces dans la ration peuvent être indirectes ou subtiles, donnant probablement l’impression qu’ils sont moins importants.
Fait intéressant, la plupart des participants ont jugé le sélénium important lors de la formulation de rations des vaches laitières. Cela pourrait être lié au fait que ce minéral trace a été beaucoup étudié ces dernières années, en raison de son rôle essentiel dans les fonctions immunitaires et contre le stress oxydatif. De plus, la marge de sécurité du sélénium est petite entre les besoins de l’animal et la toxicité.
Quelques chiffres sur le sondage :
- 92 conseillers répartis dans toutes les provinces canadiennes, dont 38 au Québec et 27 en Ontario
- 26 % des fermes canadiennes étaient servies par les répondants
- les troupeaux comportaient de 40 à 650 vaches
- les répondants avaient entre 1 et 45 ans d’expérience dans la formulation de rations pour les vaches laitières
Analyses des minéraux traces
La méthode d’analyse de laboratoire utilisée pour les nutriments majeurs, qui est peu coûteuse et rapide, ne peut pas être utilisée pour l’analyse des minéraux traces. D’autres méthodes d’analyse existent, mais elles sont plus coûteuses. Les chercheurs voulaient donc connaître la fréquence d’analyse des fourrages et autres ingrédients de la ration pour les minéraux traces. Environ 51 % des conseillers n’analysent pas systématiquement les aliments des rations pour leurs concentrations en minéraux traces. Cependant, environ 25 % d’entre eux ont répondu qu’ils analysent « toujours » les aliments pour leurs concentrations en minéraux traces. En lien avec ce résultat, 30 %, 14 % et 16 % des conseillers ont répondu qu’ils n’utilisaient « jamais » et « rarement » les valeurs de référence de leur logiciel de formulation de rations pour les concentrations en minéraux traces des fourrages, céréales et sources de protéines, respectivement. Par contre, la plupart des conseillers ont indiqué qu’ils utilisent « très souvent » ou « toujours » les valeurs de référence de leur logiciel pour les minéraux traces lorsqu’ils formulent une ration pour vaches laitières (voir le tableau 1). Il est donc fortement recommandé de mettre à jour régulièrement les valeurs de référence en minéraux traces des logiciels et de connaître leur origine.
En effet, les concentrations en minéraux traces des fourrages varient en fonction des espèces végétales, des concentrations en minéraux traces dans le sol, de la maturité de la plante et des conditions climatiques.
La source des minéraux traces
Les chercheurs ont voulu connaître le taux d’adoption des sources de minéraux traces connues comme étant potentiellement mieux absorbés par les animaux. En moyenne, 71 % des clients des conseillers utilisaient une source de minéraux traces potentiellement mieux absorbés pour au moins un minéral trace. Une tendance à utiliser davantage de suppléments de minéraux traces connus pour leur meilleure biodisponibilité pour les troupeaux comportant un plus grand nombre de vaches a été observée. En effet, l’utilisation était d’environ 63 % dans les troupeaux dont la taille était inférieure à 80 vaches et d’environ 79 % dans les troupeaux dont la taille était supérieure à 80 vaches. Le supplément de minéraux traces le plus utilisé pour sa meilleure biodisponibilité était le sélénium, suivi du zinc, du manganèse et du cuivre (voir la figure 2). Cela n’est pas surprenant, puisque plusieurs études ont fait état des effets bénéfiques de leur utilisation sur la santé et la productivité des vaches. Cependant, les résultats sont variables dans la littérature, car certaines études n’ont pas observé d’effets bénéfiques.
Quelques résultats en vrac
- 66 % des conseillers ont déjà intentionnellement formulé une ration au-dessus des critères de leur logiciel pour certains minéraux traces. Les raisons invoquées pour cette stratégie sont d’assurer la santé des animaux, d’optimiser la performance reproductive et de s’assurer de combler les besoins des animaux. Cela peut refléter un manque de confiance envers les critères utilisés dans leur logiciel;
- 32 % des conseillers n’ont jamais intentionnellement formulé une ration au-dessus des critères de leur logiciel pour certains minéraux traces. Seulement 25 % d’entre eux ont répondu que c’était pour limiter les impacts environnementaux d’une alimentation trop riche en minéraux traces. Cela montre l’importance de sensibiliser les gens aux potentiels effets négatifs d’une suralimentation en minéraux traces sur l’environnement, qui pourraient avoir un impact à long terme. En effet, plus on augmente les minéraux traces dans les rations, plus l’excrétion en ces minéraux dans le fumier sera grande;
- 60 % des conseillers considèrent les interactions entre les minéraux qui peuvent survenir dans le rumen lorsqu’ils formulent une ration;
- Selon les répondants, le moment le plus critique concernant l’alimentation en minéraux traces est la période de transition entre le tarissement et le vêlage. Comme stratégie pour aider les animaux durant cette période, plusieurs recommandent d’utiliser une source de minéraux traces qui est potentiellement plus disponible;
- 56 % des conseillers n’ajustent pas leurs recommandations en minéraux traces selon la race de la vache. Cela n’est pas surprenant, puisqu’il existe peu de connaissances sur le sujet;
- Les réponses des conseillers n’ont pas été influencées par leurs années d’expérience dans la formulation de rations.
