L’essor de la télémédecine
Les téléphones intelligents ont entraîné dans les dernières années un changement drastique dans les méthodes de communication. En plus des traditionnels appels téléphoniques, les médecins vétérinaires et les producteurs peuvent texter et échanger des photos et vidéos pour parler notamment de problèmes médicaux. Lorsque la crise de la covid-19 est survenue et que les médecins vétérinaires ont dû réduire au minimum leurs déplacements à la ferme, la télémédecine vétérinaire s’est encore plus développée.
Malgré la fin de la crise et des exigences sanitaires, on constate que la téléconsultation est là pour de bon. Selon une étude réalisée par AGECO en 2022, 70 % des producteurs laitiers, de bovins de boucherie et de petits ruminants souhaitent avoir accès à ce service, et ce, peu importe leur emplacement géographique au Québec. Plusieurs sujets peuvent être abordés à distance améliorant ainsi l’efficacité pour l’organisation quotidienne des médecins vétérinaires. Le service entraine aussi une économie pour les producteurs, puisqu’ils n’ont pas à payer les frais de déplacement à la ferme.
Par contre, ces communications numériques sont souvent fragmentaires. Peu d’informations sont fournies au médecin vétérinaire de prime abord, et ce dernier doit souvent poser plusieurs questions supplémentaires pour arriver à émettre les recommandations les mieux adaptées à la situation. De plus, ces conversations téléphoniques ou messages textes ne répondent pas aux normes professionnelles auxquelles sont soumis les médecins vétérinaires par l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ).
La création du programme et de l’application
Face à cette nouvelle réalité et aux besoins qu’elle engendre, l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ) a signé une convention avec le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie dans le cadre de l’Offensive de transformation numérique (OTN). Un programme, permettant d’accompagner les fermes et les cliniques vétérinaires afin d’identifier les freins à la connectivité dans les entreprises et de proposer des solutions pour améliorer la situation a ainsi été créé. Le projet permet aussi de démystifier la télémédecine vétérinaire, de la standardiser et de la rendre accessible à tous.
En appui à ce projet, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a lancé le 1er avril dernier une campagne PISAQ sur la télémédecine vétérinaire (campagne no 17). Cette campagne, tout comme les précédentes, est subventionnée à 100 % par le MAPAQ et n’ajoute donc aucuns frais pour les producteurs. Elle s’adresse aux producteurs laitiers ainsi qu’aux producteurs de bœufs, d’ovins et de caprins ayant déjà établi une relation vétérinaire-client-patient valide. Une équipe multidisciplinaire dotée d’une expertise complémentaire a élaboré le contenu de la campagne et le matériel nécessaire. Cette équipe inclut le MAPAQ, l’AMVPQ, la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, l’OMVQ, l’UPA et de nombreux médecins vétérinaires praticiens.
C’est la compagnie DSAHR qui a été mandatée pour développer l’application mobile. Cet outil a été financé par le MAPAQ et le Fonds d’aide en santé animale (FASA) et est offert gratuitement aux producteurs. Disponible sur Android et iOS, l’application améliore l’efficacité des échanges en invitant les producteurs à remplir un bref questionnaire sur l’animal justifiant la téléconsultation. Le médecin vétérinaire peut ainsi cerner la gravité d’un cas en un seul coup d’œil. Les communications peuvent ensuite s’amorcer par messages textes et photos ou par un appel téléphonique. À la fin de la session de télémédecine, le médecin vétérinaire rédige un résumé du cas et des recommandations de traitement qui sont acheminés aux producteurs et demeurent disponibles pour référence future. Ce type d’archivage permet aux médecins vétérinaires de respecter leurs normes professionnelles d’exercice, tout en conservant un historique qui permet aux producteurs d’accéder rapidement à leurs consultations antérieures.
Le fonctionnement de la campagne
La campagne no 17 comprend une visite subventionnée par le MAPAQ d’un médecin vétérinaire et d’un employé DSAHR à la ferme. Ce dernier conseille les producteurs qui ont des problèmes de connectivité à la ferme. En effet, le seul élément requis pour utiliser le service de télémédecine est un branchement internet. Ce même accompagnateur présente également aux producteurs l’application très simple d’utilisation et les invite à simuler des sessions de télémédecine entre eux et leur médecin vétérinaire. Durant cette même visite, le médecin vétérinaire révise avec le producteur quelles informations de base sont requises pour générer une session de télémédecine adéquate. De plus, il enseigne différents gestes techniques à poser pour l’assister à distance. Plusieurs actes peuvent être enseignés ou révisés selon le niveau d’aisance et les connaissances actuelles du producteur : prise de fréquence cardiaque, injection intraveineuse, gavage ou toute autre demande. Une fiche est aussi laissée à la ferme pour aider à déterminer si une situation peut être discutée par télémédecine ou si un appel au bureau vétérinaire est requis.
Au cours de la visite, les producteurs sont invités à signer un formulaire de consentement pour transmettre des données à l’OTN. Les données seront agrégées et il sera donc impossible d’identifier les fermes lors de leur analyse. L’OTN est une initiative du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie qui vise à accélérer le virage numérique et améliorer la compétitivité des entreprises d’ici. Des sommes importantes sont investies dans différents secteurs d’activité et la récolte de données sur le secteur agricole permettra de confirmer que l’appui financier d’une telle initiative favorisera réellement l’amélioration, d’un point de vue global, de la santé financière des fermes.
La campagne est renouvelable annuellement et permettra de développer les compétences et d’accroître le sens critique de tous face aux situations se prêtant à la télémédecine. Cette initiative représente une valeur ajoutée pour les entreprises laitières et n’est pas une façon détournée de diminuer l’accès aux ressources vétérinaires, bien au contraire.
Pour avoir accès à ce service, discutez avec votre médecin vétérinaire afin de planifier la visite à la ferme et recevoir l’hyperlien vous permettant de télécharger et d’utiliser le service de télémédecine vétérinaire de l’application Vet-Expert gratuitement. La télémédecine est un service admissible et subventionné dans le cadre de l’entente ASAQ-PISAQ 2022-2025 et le tarif horaire en vigueur s’applique. Une deuxième phase de déploiement est déjà planifiée au cours de laquelle les fonctionnalités de l’application et les productions animales visées seront bonifiées. Ce projet se démarque par son accessibilité et son adaptabilité quant à votre type de production. Grâce au programme PISAQ et au cadre offert par l’application, vous serez en mesure de développer plusieurs compétences en lien avec l’évaluation de la santé de vos animaux et la réalisation d’actes techniques vous permettant d’avoir une meilleure autonomie et, pourquoi pas, d’économiser sur vos coûts vétérinaires.
Pour toute question concernant le projet de télémédecine vétérinaire, contactez l’AMVPQ à [email protected].
Pour plus de détails sur votre admissibilité à la campagne PISAQ et ses modalités, rendez-vous à quebec.ca/programme-santé-animale.
