Besoins totaux canadiens : une croissance moins importante que prévu en 2022 et au ralenti en 2023

Le calcul des besoins totaux (BT) permet d’estimer la demande de matière grasse sur le marché canadien en utilisant la consommation apparente intérieure comme référence. Chaque mois, la Commission canadienne du lait (CCL) utilise la production intérieure de matière grasse, les importations ainsi que la variation des stocks de beurre pour estimer les besoins totaux canadiens.

Le calcul des besoins totaux a évolué au fil du temps pour prendre en compte les importations de produits laitiers découlant des différents accords commerciaux. Entre 2016 et 2022, les importations à la hausse ont comblé 24 % de la croissance du marché canadien. Ainsi, la proportion du marché comblée par les importations est passée de 1 % en moyenne avant 2017 à 4,3 % en 2022, pour un total de 17,2 millions de kilogrammes de matière grasse.

2022 : une croissance plus faible que les années précédentes

En 2022, les besoins totaux canadiens ont connu une hausse de 1,1 %, une croissance moins importante que celle des dix dernières années, où l’augmentation annuelle était supérieure à 3 % en moyenne. Le ralentissement de la croissance s’explique principalement par un retour aux tendances de consommation d’avant la crise de la Covid-19. L’inflation a aussi contribué à freiner la croissance des marchés. On observe principalement une diminution des ventes dans le lait de consommation, une croissance moins importante dans le fromage, mais surtout un recul important dans le beurre.

De plus, les importations ont comblé la majorité de la croissance du marché. Entre 2021 et 2022, 3,9 millions de kg de matière grasse issue des importations sont entrés au pays, ce qui représente une augmentation de 29,4 %. Étant donné le contexte économique de 2022, où les prix mondiaux étaient élevés, les importations n’ont pas atteint la quantité totale de produits laitiers qui aurait pu être importée. Malgré ce constat, seulement 0,15 % de la croissance du marché de l’an dernier a été comblée par du lait canadien. La production ayant permis de répondre à cette croissance est principalement venue des provinces de P5, dans un contexte de ralentissement de la production dans l’Ouest.

Croissance prévue pour 2023

La CCL a établi une prévision de marché pour l’année 2023, estimant que la croissance des besoins totaux se situera entre 2,1 % et 3,1 %. Une grande partie de celle-ci sera comblée par les importations, dont les quantités permises augmentent graduellement pendant les 6 années suivant l’entrée en vigueur de chaque entente commerciale. Pour l’AECG, le maximum a été atteint en 2023. Quant aux PTPGP et à l’ACEUM, la hausse est prévue respectivement jusqu’en 2024 et 2026 avant de se stabiliser. Les effets sur le marché canadien peuvent être visualisés dans le graphique. En 2023, on s’attend à une croissance des importations de 23 % par rapport à 2022.

De ce fait, la croissance du marché qui sera comblée par le lait canadien devrait se situer entre 1,2 % et 2,3 %. Le comité quota P5 a pris en compte cette prévision pour s’assurer que la production corresponde aux besoins du marché en annonçant des ajustements du droit de produire au cours des derniers mois. En comparant les trois premiers mois de 2023 au même mois de l’année précédente, les besoins totaux ont connu une hausse de 1,7 %. Plus de la moitié de cette croissance a déjà été comblée par des importations ayant mené à une situation près du scénario inférieur en termes de demande globale et de quota alloué.

Toutefois, il convient de noter que ces prévisions peuvent être influencées par l’évolution du contexte économique.